Par Néstor Rosa-Marbrell.
San Juan, 27 juillet (Prensa Latina) À la suite de 12 journées de protestations massives, le gouverneur de Porto Rico, Ricardo Rosselló Nevares, a remis sa démission mercredi dernier peu avant minuit mais il assurera ses fonctions jusqu’au 2 août prochain.
L’annonce a été faite par un message enregistré qui a été diffusé à 23:43 par La Fortaleza, résidence officielle du gouverneur. À l’extérieur, dans les rues du Vieux San Juan proches du siège de l’exécutif, la foule amassée demandait la démission de Rosselló à corps et à cris.
Avant d’annoncer qu’il abandonnerait ses fonctions de gouverneur le 2 août à 17:00, Rosselló a tenu à mettre en valeur les présumées améliorations qu’il a apportées au bien-être des portoricains et au développement de Porto Rico.
Après plus de sept heures de lourde attente, les manifestants, freinés par la police à quelques maisons de l’entrée principale de La Fortaleza, ont enfin pu laisser éclater leur liesse en brandissant le drapeau national.
Il aura fallu 12 jours consécutifs de manifestations contre lui et une grève nationale accompagnée de la manifestation la plus grande que le pays ait connue – un demi-million de personnes- pour que Rosselló se décide à annoncer sa démission.
Ce gouverneur de 40 ans a créé une première. Jamais auparavant un gouverneur portoricain n’avait été obligé de quitter son poste, sous la pression populaire, avant la fin de son mandat.
Au milieu de la joie générale, les manifestants proches de la Fortaleza attendaient la démission aux cris de: « Nous n’avons pas peur, nous sommes les plus nombreux! » et « Porto Rico a gagné! ».
Ricardo Rosselló Nevarez avait remporté les élections du 8 novembre 2016 et avait prêté serment le 2 janvier 2017, mais -venant à la suite de plusieurs affaires de corruption ayant affecté son administration- la publication d’un chat incendiaire par le Telegram lui a porté un coup fatal.
Ce chat entre le gouverneur et d’autres hauts fonctionnaires de Porto Rico fait apparaître non seulement les habituelles conversations sur les affaires publiques et de parti, mais aussi des commentaires homophobes et méprisants envers les victimes de l’ouragan María, qui a fait plus de quatre mille morts.
Les 12 auteurs de ce chat avaient également entrepris de salir la réputation de plusieurs personnalités de Porto Rico et de harceler des hommes politiques de l’opposition et des fonctionnaires fédéraux.
La publication de ce chat a entraîné des manifestations de masse exigeant la démission du gouverneur alors que celui-ci devait déjà faire face à une crise économique, à un audit fiscal approuvé par le Congrès nord-américain et à la dévastation causée par le passage de l’ouragan María le 20 septembre 2017.
Cette démission de Rosselló est une première dans cette île des Caraïbes, qui, justement, il y a 121 ans, en une journée semblable à celle de jeudi, fut envahie par les États-Unis et qui subit encore, de nos jours, la domination coloniale de Washington.
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