San Juan, 1er août (Prensa Latina) Face au panorama incertain qui s’offre à Porto Rico à quelques heures de la démission effective du gouverneur Ricardo Rosselló Nevares, le Mouvement Indépendantiste National Hostosien (MINH; de Eugenio María de Hostos, philosophe et homme politique portoricain du XIXème siècle qui passa sa vie à lutter pour l’indépendance de l’île) a exhorté le peuple à retourner dans la rue.
Le peuple portoricain demeure en ébullition en raison des luttes internes du Nouveau Parti Progressiste (PNP), le parti au pouvoir, car le président du Sénat, Thomas Rivera Schatz, convoite le poste de gouverneur alors que, la veille, Pedro Pierluisi Urrutia, l’ancien délégué de l’île auprès de Washington, a prêté serment comme nouveau secrétaire d’État de Washington à Porto Rico dans une cérémonie à huit clos.
À partir de ce poste, Pierluisi aurait dû devenir le prochain gouverneur de Porto Rico mais la détermination de Rivera Schatz l’en empêche car ce dernier refuse que le Sénat et la Chambre des Représentants ne donnent leur consentement à cette nomination, comme le requiert la constitution de l’État Libre Associé (ELA) de Porto Rico.
Normalement, Rosselló Nevares devrait abandonner ses fonctions demain, vendredi, à 17:00 heures, mais il se pourrait que son départ soit retardé si la crise gouvernementale n’a pas trouvé de solution. Toutefois, la Chambre des Représentants, convoquée aujourd’hui pour une session extraordinaire, pourrait mettre rapidement fin aux espoirs de Pierlussi en lui refusant la nomination.
« L’unique solution est que le peuple reste dans la rue. Il ne doit pas accepter que le PNP, une organisation corrompue, nomme le nouveau gouverneur dans le dos du peuple », a déclaré le MINH face à l’incertitude de la situation.
Cette organisation de gauche estime que le gouverneur choisi pour remplacer Rosselló doit répondre aux critères de justice que réclame le peuple.
« Comme le PNP n’a pas entendu ce que désirait le peuple, il faut le lui faire comprendre en continuant le combat dans la rue et en se préparant à la tenue d’une Assemblée Constituante parallèle afin de pouvoir se défaire de la Loi 600 et de la Clause Territoriale, qui a d’ailleurs déjà été rejetée par le peuple lors du plébiscite de 2012 », a expliqué Wilma Reverón Collazo, la présidente du MINH.
Selon elle, les demandes portées par les nombreuses manifestations qui se sont succédées pour exiger la démission de Rosselló Nevares -qui n’a été annoncée que le 24 juillet vers minuit- n’ont pas été bien comprises par les membres du PNP qui contrôlent le pouvoir exécutif et législatif.
Rosselló représente tout ce qui est mauvais dans ce soi-disant système démocratique, un système qui a révélé sa véritable nature, faite d’un mélange de corruption et d’oppression; un régime qui refuse absolument d’accéder à ce que réclame le peuple, a ajouté Wilma Reverón Collazo.
Les manifestations populaires ont éclaté à cause de la combinaison explosive, il y a trois semaines, de la divulgation d’un « chat » par Telegram dans lequel le gouverneur et un groupe de fonctionnaires et assesseurs de son entourage le plus proche se moquaient de plusieurs secteurs de la population de ce pays; ils allaient même jusqu’à rire des morts de l’ouragan María de septembre 2017, et des arrestations pour corruption d’anciens fonctionnaires du gouvernement et d’entreprises de constructions employées par le FBI.
Pour le MINH, ni Rivera Schatz, ni Pierluisi ne doivent occuper le poste de gouverneur de Porto Rico après le manque de respect dont ils ont fait preuve envers le peuple et les conflits d’intérêts qui les ont opposés l’un à l’autre.
Reverón Collazo en conclut que remplacer Rosselló Nevares par un homme comme Rivera Schatz, qui s’est fait remarquer en attaquant des manifestants à coups de battes de baseball, de gaz lacrymogènes et même de coups de feu, comme lors de la manifestation du 30 juin 2010; sans oublier le fait qu’il a bloqué l’entrée aux galeries du Sénat pour empêcher le peuple d’écouter des débats législatifs qui intéressaient les portoricains au plus haut point, ou qu’il a l’habitude de se moquer et d’insulter ses opposants politiques; non: un tel homme ne peut absolument pas représenter une alternative pour le peuple.
D’ailleurs, ni Pierluisi non plus, un homme lié au contrôle des impôts sur l’île, gendre du président du Bureau du Contrôle Fiscal, José B. Carrión III, qui s’est enrichi grâce aux commissions de Washington, et qui est le défenseur d’AES – une compagnie des plus polluantes en carbone-, qui s’oppose à une médecine en faveur du peuple et qui demande la privatisation des services publics.
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