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Amérique Latine: les derniers résultats électoraux s’inscrivent en faux contre la théorie de la « fin du cycle progressiste »

Par Carmen Esquivel *

 

La Havane, 23 août (Prensa Latina)Dans un scénario caractérisé par l’essor des gouvernements de droite, la victoire du « Frente de Todos » (« Le Front de Tous ») aux élections primaires en Argentine a redonné espoir à la gauche et a semé le doute sur la théorie de la « fin du cycle progressiste en Amérique Latine ».

 

 

Le 11 août dernier, le duo Alberto Fernández – Cristina Fernández a remporté une éclatante victoire aux élections avec 47 pour cent des votes, un score bien supérieur à celui du candidat néolibéral, Mauricio Macrí, qui a obtenu à peine 32 pour cent.

 

Bien que les résultats de ces Primaires Simultanées et Obligataires (PASO) ne soient pas décisifs, ils ont quand même fonctionné comme une sorte de plébiscite et ont placé l’opposition péroniste en tête pour les élections présidentielles du 27 octobre prochain.

 

L’avance du « Frente de Todos » a été particulièrement notable dans la province de Buenos Aires, dans la grande majorité des centres urbains, dans les zones rurales et dans le sud et dans les nord du pays. Elle laisse même prévoir que, le 27 octobre, le nouveau président pourrait être élu sans passer par l’étape du second tour.

 

Les analystes expliquent ces résultats par le mécontentement de la population contre les politiques du gouvernement de Macrí dont les mesures ont augmenté l’inflation, le chômage et la pauvreté, détricoté les programmes sociaux, favorisé les privatisations, endetté le pays et mis l’économie nationale sous la tutelle du Fond Monétaire International.

 

La victoire du « Frente de Todos » a des implications extrêmement importantes non seulement pour l’Argentine mais aussi pour toute l’Amérique Latine où, ces dernières années, les mouvements progressistes ont subi les assauts de la droite, ce qui a entraîné le recul de la gauche dans des pays comme le Honduras, le Brésil, le Paraguay et l’Équateur.

 

De l’avis de l’ancien président du Brésil, Luiz Inácio Lula da Silva, ces élections sont porteuses d’espoir et annoncent des jours nouveaux. De son côté, DilmaRousseff, une autre ancienne présidente du Brésil, considère ces résultats en Argentine comme la lumière au fond du tunnel pour la région.

 

Dilma a été l’objet d’un coup d’état parlementaire bien qu’elle ait été élue démocratiquement  avec plus de 54 millions de voix.

 

Quant à Lula, il a été incarcéré et accusé de délits pour lesquels on n’a jamais porté de preuves, alors que tous les sondages le donnaient comme le favori aux élections présidentielles d’octobre 2018.

 

D’autres dirigeants de gauche, parmi lesquels l’ancien président équatorien RafaëlCorrea et son vice-président, Jorge Glass,ont été dernièrement confrontés aux conséquences de la persécution politique.

 

À la nouvelle des résultats des primaires en Argentine, Correa a affirmé que cette défaite du néolibéralisme représente un pas en avant qui permettra à la région de connaitre des jours meilleurs.

 

RafaëlCorrea, qui est également président du mouvement « RevoluciónCiudadana » (« Révolution Citoyenne »), a repris les paroles de José Mújica, l’ancien président de l’Uruguay, lorsque, quelques années auparavant, un journaliste lui avait demandé: « N’êtes-vous pas inquiet par le virage qu’a pris la droite en Amérique Latine? », et il avait répondu: « Ce n’est là qu’une situation temporaire. Les gens n’oublieront pas ce que la gauche leur a donné et finiront bien par se souvenir de ce que la droite leur a enlevé ».

 

En fait, dès l’année dernière, le triomphe au Mexique d’Andrés Manuel LópezObrador (AMLO),  le candidat de la coalition « JuntosHaremos Historia » (« Ensemble Nous Ferons L’Histoire »), qui avait été  élu avec plus de 30 millions de voix, le 1 er juillet, avait déjà constitué un progrès significatif notable.

 

LópezObrador, avec ses 52,17 pour cent des suffrages, a obtenu un résultat supérieur à celui d’aucun autre candidat jusqu’alors, loin devant son plus proche rival, Ricardo Anaya, de la coalition « México al Frente » (« Le Mexique au Front »), et ses 22 pour cent de voix.

 

Pour le renommé politologue argentin AtilioBorón, le triomphe de LópezObrador confirme que la thèse tant rebattue de la »fin du cycle progressiste » n’est qu’une illusion de la droite dont les résultats sont loin de s’améliorer.

 

LA THÈSE DE LA FIN DU CYCLE PROGRESSISTE.

 

L’idée que le cycle progressiste était arrivé à son terme a pris consistance ces dernières années lorsque, mettant à profit un certain reflux dans les avancées obtenues par les processus de changement, la droite a commencé à élaborer un discours dont le but était de délégitimer les gains de la gauche en faveur de la majorité sociale et populaire.

 

Telle est l’opinion du journaliste et analyste politique KatuArkonada, qui estime cependant que cette soi-disant « fin de cycle » n’a jamais existé car l’histoire est un processus dialectique, un va-et-vient constant entre flux et reflux.

 

C’est également ce qu’a exprimé  le sociologue professeur et politicien argentin Daniel  Filmus lorsque, au cours d’un échange avec des universitaires de la Faculté de Sciences Sociales  (Flasco), à La Havane, il a déclaré que les processus de transformation ne sont jamais linéaires mais qu’ils ont sujets à des avancées et à des reculs.

 

Dans le cas des primaires en Argentine, nous assistons à un retour des forces nationales et populaires et si octobre prochain voit une victoire des forces progressistes dans ce pays, ainsi qu’en Bolivie et en Uruguay, nous nous retrouverons, comme au Mexique, devant un processus de transformation important pour toute la région.

 

Un autre intellectuel qui a consacré beaucoup de son temps à l’étude de la situation sud-américaine est l’analyste politique et vice-président bolivien, Àlvaro García Linera.

 

Pour García Linera, il est exact de penser qu’après 10 années consécutives de victoires des forces révolutionnaires et progressistes au Venezuela, au Brésil, en Argentine, en Bolivie, au Paraguay, en Équateur, au Nicaragua et au Salvador, nous avons assisté à un moment de recul sur le continent sud-américain.

 

Nonobstant, dans un article intitulé : « Fin du cycle progressiste ou avancées par vagues du processus révolutionnaire? », Linera nous conseillait de ne pas avoir peur et de ne pas céder au pessimisme lorsque nous considérons l’avenir.

 

Et il rappelle que, lorsque Marx faisait l’analyse des processus révolutionnaires de 1848, il parlait toujours de la révolution comme étant un processus d’avancée par vagues, en aucun cas un processus toujours ascendant ou continu.

 

C’est ainsi qu’à la première vague d’avancées sociales, comme celle que nous avons connue ces dix dernières années, a succédé un reflux temporaire. Mais tôt ou tard, viendra une seconde vague qui avancera plus loin que ne le fit la première et qui sera suivie par une troisième qui poussera, plus loin encore, écrit Linera.

 

Selon lui, la droite n’a pas de projet d’avenir, si ce n’est la restauration d’un néolibéralisme décadent et voué à l’échec.

 

Preuve en est que les acquis en matière de droits sociaux et de souveraineté obtenus en dix ans par les gouvernements progressistes et révolutionnaires sont beaucoup plus importants que ceux obtenus pendant les 100 années précédentes.

 

Et, conclut le vice-président de Bolivie: « La droite conservatrice est contre toutes ces avancées. Elle représente le passé, le retour en arrière. Au contraire, le temps historique est en faveur de la Révolution ».

 

* Éditrice en chef de Prensa Latina.

 

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