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Six départements du Guatemala vivent entre la crainte des narcotrafiquants et les patrouilles militaires

Par Maitte Marrero Canda

Guatemala, 10 septembre (Prensa Latina) Les troupes de l’Armée, du Ministère Public et de la Police Nationale sont toujours sur place dans la commune de Semuy II, dans l’Estor, Izabal, un État du Guatemala soumis à l’état de siège et où la population vit dans la peur.

Les forces militaires d’occupation sont également importantes dans cinq autres départements: Zapaca, El Progreso, Petén, le Haut Verapaz et le Bas Verapaz. Au total, le gouvernement de Jimmy Morales considère que 16 municipalités échappent à tout contrôle de l’État et sont aux mains des narcotrafiquants.

Cette mesure du Gouvernement -considérée comme hors-de-proportion par les organisations civiles et de défense des droits de l’Homme- a été votée samedi dernier au Congrès. Elle a obtenu 88 voix -85 auraient suffit- après trois journées de débats durant lesquels les députés de gauche ont mis en garde sur les conséquences qu’une escalade de la violence pourrait entraîner dans une partie du pays où la situation est déjà explosive.

Cinq jours auparavant, au cours d’une conférence de presse, Morales avait annoncé le décret gouvernemental 01-2019 en réaction au décès de trois soldats à Semuy II dans des circonstances qui restent encore à éclaircir étant donné les contradictions entre la version officielle et celle des habitants du lieu, parmi lesquels trois personnes ont été gravement blessées durant l’échange de coups de feu.

Cette région de palmiers est maintenant occupée par quelques 300 militaires, avec leurs Jeeps J8 et leurs blindés prêtés par les États-Unis pour protéger les frontières -un état de siège qui est un coup dur pour les communautés indigènes et un retour aux années les plus dures de la guerre qu’a connue le pays, souligne le site digital prensacomunitariaKm169.

Des organisations des droits de l’Homme comme la Fondation Guillermo Toriello, l’Union des Femmes du Guatemala et le Comité de l’Union Paysanne -considérées par Morales comme des « pseudo-défenseurs »- ont fait savoir qu’elles avaient dû suspendre leurs activités jusqu’à ce qu’il existe des garanties constitutionnelles suffisantes.

Les membres de ces associations craignent que les communautés situées dans la Vallée de Polochic ne soient attaquées et déplacés puisque l’état de siège limite leurs droits constitutionnels.

Selon Omar Jerónimo, de l’organisation « Nuevo Dia » (« Le Jour Nouveau »), la situation de vulnérabilité physique et psychique dans laquelle vivent les personnes de ces communautés est alarmante et les 30 jours qui viennent pourraient avoir pour conséquence une accélération des violations commises contre les dirigeants et les dirigeantes communautaires, leurs familles et tous les habitants de la région engagés dans les luttes sociales.

Les spécialistes soulignent le fait que l’oligarchie et les grands propriétaires ont l’intention d’entreprendre des actions pour dépouiller les habitants de leurs terres avec le soutien des forces de sécurité de l’État, ce qui pourrait allumer la mèche de la poudrière dans la région de l’Estor et d’autres régions dans lesquelles le conflit social est extrêmement exacerbé en raison des dépouillements de terres et autres maux dont les indigènes ont déjà été victimes aux mains de l’industrie minière et de l’agro-industrie.

Sans oublier que les attaques dans la presse et la désinformation sur les réseaux sociaux font partie intégrante de la stratégie, car, avant même de donner à la presse le profil de l’un des attaquants présumés des soldats, son cadavre avait déjà été trouvé pendu à une poutre, chez lui, à Semuy II, ce qui, pour le moins, a éveillé quelques doutes.

Le Ministère de la Défense Nationale a pour sa part informé qu´une patrouille militaire aurait subi une embuscade dans le département du Petén, dans le nord du pays et qu´un présumé narcotrafiquant aurait été tué lors d’un échange de coups de feu qui a fait également, selon lui, un blessé grave.

D’après Albin Dubois, le chef de l’État Major, le déploiement militaire actuel a pour but de protéger et de soutenir la population tout en recherchant les individus qui agissent hors du cadre légal.

Dubois a insisté que les hommes sous ses ordres respectaient la vie, les droits de l’Homme et la propriété privée des personnes et il a rappelé que les forces militaires doivent toujours être accompagnées par des agents de la Police Nationale Civile et du Ministère Public, qui pour le moment -il est vrai- n’ont pas encore donné leur version sur l’incident armé en question.

Peo/jf/mmc

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