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La France condamne l’attaque turque contre la Syrie, mais sans mentionner la souveraineté

Par Waldo Mendiluza

Paris, 11 octobre (Prensa Latina) La France a d’emblée rejeté catégoriquement l’attaque lancée par la Turquie contre des régions du nord-est de la Syrie, mais l’absence des termes agression et souveraineté dans les déclarations de leurs dirigeants est frappante.

‘Je condamne avec la plus grande fermeté l’offensive militaire unilatérale en cours en Syrie et j’appelle la Turquie à y mettre fin le plus rapidement possible’, a déclaré hier le président Emmanuel Macron à Lyon, où il a pris la parole lors de la sixième Conférence de reconstruction du Fonds mondial de lutte contre le VIH/sida, la tuberculose et le paludisme.

Le chancelier Jean-Yves Le Drian, qui avait déjà fixé la position de Paris contre l’action de guerre lancée par Ankara mercredi, a également critiqué la décision du dirigeant Recep Tayyip Erdogan, qu’il a qualifiée de très grave.

Les arguments de Paris pour rejeter l’attaque, justifiée par la Turquie en tant que mesure de sécurité dans le cadre du conflit avec les Kurdes, sont essentiellement deux : l’impact de l’offensive sur la lutte contre l’État Islamique (EI) et les conséquences humanitaires.

À cet égard, Macron a demandé aux agresseurs d’assumer la responsabilité de la détérioration de la situation humanitaire de millions de personnes et de la reconstruction du califat de l’EI.

Pour sa part, Le Drian a réclamé une réunion de dénommée coalition antiterroriste opérant en Syrie, sans le soutien de Damas, pour que ses quelques 30 membres, y compris la Turquie, avec toutes les cartes sur la table, expriment ce qu´elles comptent faire et assument leurs responsabilités.

Le droit international et les principes de la Charte des Nations Unies n’ont pas été cités à cette occasion par le Palais de l’Élysée ou le Quai d’Orsay, bien que cela ne soit pas surprenant compte tenu de leur rôle dans le pari de l’Occident, avec les Etats-Unis en tête, de voir émerger dans le pays du Levant un changement de régime.

Juste un détail, toutes les résolutions du Conseil de Sécurité de l’ONU -où la France dispose d’un siège permanent et d’un droit de veto-  adoptées à l’égard de la Syrie indiquent ‘réaffirmer un ferme attachement à la souveraineté, à l’indépendance, à l’unité et à l’intégrité de la Syrie, et aux buts et principes de la Charte des Nations Unies’.

Bien sûr, ce ‘formalisme’ de la diplomatie ne doit pas être pris à la lettre pour comprendre les actions des puissants, mais il est bon de le rappeler, car l’agression turque piétine chacun de ces mots.

La vision du gouvernement français concernant l’opération militaire d’Ankara, qui a déjà fait des dizaines de victimes innocentes, ne reflète pas le sentiment de toute la classe politique héxagonale.

Peu après l’attaque du nord-est de la Syrie, le chef de la France Insoumise, Jean-Luc Mélenchon, a appelé à l´arrêt immédiat de cette violation de la frontière syrienne.

L’engagement de Paris dans la lutte contre le terrorisme ne laisse aucun doute et a été confirmé la veille par Macron, lorsqu’il a averti que la Turquie, par ses actes, oubliait que la priorité dans le pays de Levant est la lutte contre l’EI et le fléau qu´il représente, mais la mention de la nécessité du respect de la souveraineté fait défaut.

Par ailleurs, des médias d´Ankara ont confirmé que les autorités turques ont arrêté 121 personnes pour avoir publié des commentaires critiques sur l’intervention militaire de l’armée turque qui a commencé mercredi dernier en Syrie.

Le ministre de l’Intérieur Suleyman Soylu a averti ce vendredi dans un discours que les forces turques surveillent étroitement tout ce que publie le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK), mouvement kurde actif en Turquie et considéré comme terroriste par Ankara.

En 2018, au cours d’une opération militaire turque dans l’enclave syrienne d’Afrin, environ 780 personnes avaient été arrêtées en Turquie pour leurs commentaires sur les réseaux sociaux contre cette opération militaire.

Aujourd’hui, le président du Conseil Européen (CE), Donald Tusk, a demandé depuis Chypre que la Turquie cesse ses opérations en Syrie. Les préoccupations de la Turquie devraient être traitées par des moyens politiques et diplomatiques; une intervention militaire ne fera qu’empirer les choses, a-t-il souligné.

Puis il a déclaré que l’incursion des forces turques en Syrie créerait davantage d’instabilité dans toute la région, aggraverait les souffrances des civils, entraînerait de nouveaux déplacements et menacera les progrès accomplis dans la lutte contre le groupe extrémiste État Islamique.

Le président du Conseil européen a estimé que l’intervention militaire d’Ankara pouvait provoquer une autre ‘catastrophe humanitaire’, ce qui, a-t-il souligné, serait inacceptable’.

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