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Migrants et réfugiés, une tache sur la conscience de l’Europe

Par Yanet Llanes Alemán*

La Havane, 3 décembre (Prensa Latina) Incendies, surpeuplement, naufrages, mort et douleur ont accompagné le flux migratoire vers l’Union Européenne (UE) cette année, marquée une fois de plus, par l’indifférence des États membres à l’égard de ceux qui fuient la faim et la violence.

Le point culminant de la nouvelle phase de la crise que traverse le continent a été en Grèce et en Italie comme en 2015, lorsque plus d’un million de personnes sont arrivées pour la plupart de pays d’Afrique, du Moyen-Orient et d’Asie.

L’augmentation des arrivées et la situation dans les camps d’accueil dans les îles grecques de la mer Égée, ainsi que le rejet par l’Italie des migrants secourus en Méditerranée, ont mis en évidence l’absence d’accord au sein de l’UE sur les politiques d’accueil.

D’autres éléments ont été repris : le bloc communautaire a renforcé ses frontières sous prétexte de sécurité et de rejet du trafic des personnes, alors que plus d’un millier d’individus sont morts sur les trois routes de la Méditerranée en tentant d’atteindre ce que l’on appelle le vieux continent, notamment sur la route entre la Libye-l´Italie et Malte.

Ce ne sont pas des nombres, ce sont des êtres humains

Pour le Groupe Confédéral de la Gauche Unitaire Européenne/Gauche Verte Nordique (GUE-NGL), les personnes bloquées dans les îles grecques dans des conditions déplorables souffrent des effets néfastes de la politique migratoire de l’UE.

Plus de 35 mille migrants attendent dans les camps helléniques surpeuplés, 70 mille dans toute la Grèce, et près de 5 mille d’entre eux sont des mineurs non accompagnés.

Ce ne sont pas des chiffres, ce sont des personnes, a plaidé Miguel Urbán, député du parti espagnol Podemos, en demandant à l’Europe de mettre fin à sa politique de migration meurtrière et l’accusant d’abus des droits de l’Homme comme moyen de dissuasion pour les migrants.

Par ailleurs, le législateur grec Kostas Aravanitis, de la Coalition de la Gauche Radicale (Syriza), a dénoncé que le premier ministre hellénique n’avait pas de plans pour faire face à la situation, dont il a pourtant parlé au Parlement Européen comme d’un tsunami de réfugiés.

Le pouvoir exécutif grec reproche à la Turquie d’avoir ouvert le flux migratoire, en violation de l’accord signé avec l’UE il y a trois ans pour sortir de la crise.

Puis il tient le bloc communautaire pour responsable de la passivité, car celui-ci a juridiquement accepté de relocaliser 98 mille 256 migrants de l’objectif initial de 160 mille, dont 21 mille 999 de Grèce et 12 mille 006 d’Italie.

Entre 2015 et 2017, elle n’a accueilli qu’environ 22 % du nombre total de demandeurs d’asile en Grèce et 4 % en Italie.

Dans ce contexte, le Gouvernement, élu en juillet, a durci sa position après avoir aboli la politique du Ministère des Migrations et retardé le programme de réinstallation des réfugiés de quatre mois ; ce qui a fait passer de 15 mille à 37 mille le nombre de personnes dans les camps d’accueil des îles, selon Syriza.

Le Cabinet a annoncé la fermeture de ces camps, sans fixer de date, et leur remplacement par des centres de détention plus restrictifs, mais cela n’améliorera pas la situation, ni les conditions de vie de leurs habitants, a affirmé le principal parti d’opposition, en exigeant le transfert des migrants vers la Grèce continentale.

Au contraire, cela transforme les îles en prisons où tous les demandeurs d’asile seront hébergés. En d’autres termes, cela viole les dispositions fondamentales du droit international et du droit européen, mais cela crée également un risque encore plus grand de tensions au sein des communautés, a ajouté le mouvement de gauche grec.

Dans le cadre de sa stratégie, le Gouvernement a également fermé la porte à ceux qui ne demandent pas de protection, a annoncé le renforcement de ses frontières et de nouvelles procédures d’asile.

‘La situation des migrants, y compris des requérants, s’est dramatiquement détériorée au cours des 12 derniers mois, et cela n’a plus rien à voir avec l’accueil des demandeurs d’asile, c´est devenu une lutte pour la survie’, a commenté Dunja Mijatovic, la commissaire aux droits de l’Homme à l’issue d’une visite dans plusieurs camps.

Elle a également mis en garde contre le fait que si l’on n’y remédie pas d’urgence et de manière appropriée, les conditions abyssales, combinées aux tensions existantes, risquent de déboucher sur des événements plus tragiques.

MÉDITERRANÉEN, CIMETIÈRE INFINI

Selon l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM), plus de 95 mille 600 personnes sont arrivées en Europe via la Méditerranée en 2019, soit près de 8 % de moins que pendant la période précédente, alors qu’au moins  1091 sont mortes en essayant.

Au milieu d’une vague croissante de sentiments anti-immigrés dans les politiques du monde entier, ce chiffre choquant résulte dans une certaine mesure d’une attitude plus dure et d’une hostilité totale envers ceux qui fuient la pauvreté et la violence, a déclaré le porte-parole de l’OIM, Leonard Doyle.

Face à l’escalade de la violence en Libye, l’organisme s’est déclaré préoccupé par la situation des réfugiés et a préconisé un changement dans la gestion de la crise, signalant que Tripoli n’était pas un port sûr.

En outre, il a appelé l’UE et l’Union Africaine à prendre des mesures immédiates pour démanteler le système de détention et à trouver des solutions alternatives visant à sauver des vies humaines.

« Les États membres de l’UE ont aidé à détruire la Libye. Nous avons ensuite militarisé nos frontières pour repousser les réfugiés. Nous aidons maintenant les gardes-côtes libyens à les ramener dans les camps sur la côte nord-africaine », a dénoncé la politique irlandaise Clare Daly du GUE-NGL.

Pour cette formation, il doit y avoir une solution juste, globale et à long terme au niveau européen pour que les États membres prennent conscience de leurs obligations en vertu du droit international.

Les députés européens de gauche craignent que les conditions épouvantables ne s’aggravent avec l’arrivée du froid et demandent aux pays membres de faire preuve de solidarité avec la Grèce et d’offrir des places sur leur territoire pour transporter des réfugiés des îles.

‘Les habitants des îles n’ont pas besoin d’un autre sommet ou d’un autre accord de coopération, il est urgent que les dirigeants politiques cessent de regarder ailleurs et mettent finalement en œuvre les mesures que tout le monde connaît, mais que personne ne semble prêt à prendre’, a déclaré Mijatovic.

Selon un rapport du Bureau européen d’appui en matière d’asile, plus d’un demi-million de demandes de protection ont été déposées cette année, principalement par des Syriens et des Afghans, et 34 % seulement ont reçu une décision positive; 900 mille autres sont en suspens, une nouvelle tache sur la conscience de l’Europe.

*Journaliste de la Rédaction Internationale de Prensa Latina

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