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La militarisation des rues consolide le coup d’État en Bolivie

Par OdalysTroya

La Paz, 17 janvier (Prensa Latina) Militarisation, autorisation donnée à des policiers d’utiliser des armes meurtrières contre des manifestants, persécution politique, fermeture de stations de radio communautaires et extension du mandat des autorités de facto, consolident aujourd’hui le coup d’État en Bolivie.

Depuis jeudi, la présence de policiers et de militaires en divers endroits du pays, y compris avec des chars et des hélicoptères, moyens jugés excessifs pour des actions conjointes de ‘patrouilles préventives’, alarme la population.

Hier soir, le ministre de la Défense, Fernando López, du régime dirigé par la présidente autoproclamée Jeanine Áñez, a assuré que les patrouilles se prolongeraient jusqu’au 24 janvier et qu’elles ne visent qu’à rassurer la population.

‘C’est juste pour apporter la paix, qu’on est dans la rue, et que l’on se calme, qu’on appaise les révolutions de l’hystérie collective, qu’on ne se laisse pas emporter par la guerre psychologique, médiatique et numérique’, a-t-il déclaré lors d´un acte politique sur la place San Francisco, où il a officialisé la militarisation.

L´augmentation du nombre de militaires et de policiers dans les rues boliviennes et dans les tropiques de Cochabamba, où les habitants sont en majorité des partisans de l’ancien président Evo Morales (2006-2019), se déroule parallèlement au démantèlement de plus de 50 stations de radio gérées par des communautés indigènes et des organisations sociales.

Certaines d’entre elles ont été démontées par des policiers, des militaires et des proches du gouvernement de facto pendant les conflits qui ont sévi dans le pays entre octobre et novembre dernier.

De même, le déploiement militaire intervient quelques jours à peine avant que le Mouvement Vers le Socialisme (MAS) n’annonce le binôme présidentiel en vue des élections du 3 mai prochain, découlant du coup d’État contre le président Evo Morales le 10 novembre dernier.

L’élection du candidat présidentiel et de son compagnon de formule aura lieu dimanche prochain en Argentine, où Evo Morales, le leader du MAS, est réfugié.

Ces actions ont également lieu dans le contexte des célébrations pour la fondation de l’État Plurinational de Bolivie, qui reconnaît la diversité culturelle des peuples originaires de ce pays andin et amazonien.

Cette même semaine, le Tribunal Constitutionnel Plurinational (TCS) a accepté la prorogation du mandat de Jeanine Añez, autoproclamée présidente par intérim, jusqu’à l’installation du nouveau gouvernement qui résultera des élections du 3 mai.

Le Tribunal a également accepté de prolonger le mandat des sénateurs et des députés, qui arrivé à expiration le 22 janvier prochain, comme celui d´Añez.

Le MAS estime que les autorités putschistes doivent libérer les postes usurpés ce jour-là, comme l’exigent les lois du pays plurinational, faute de quoi il convoquera des mobilisations.

Il est incontestable que la volonté d´empêcher ces manifestations par la force est l’une des raisons pour lesquelles les putschistes ont fait sortir les uniformes dans la rue.

« Le gouvernement de facto dit que la militarisation des tropiques de Cochabamba vise à relever les troupes, puis ensuite que cela est pour assurer la sécurité des citoyens, et enfin pour organiser un cours de parachutisme. Peut-être qu’ils projettent de parachuter des chars sur les tropiques. Ils ne savent pas comment cacher le plan de guerre pour réprimer », a dénoncé aujourd’hui Evo Morales sur Twitter.

En début de semaine, la police a permis l’utilisation d’armes létales et non létales contre des manifestations d’opposition au gouvernement de facto, une mesure qui s’ajoute aujourd’hui aux méthodes répressives contestées par les organismes de défense des droits de l´Homme.

De même, la décision de déployer l’armée a été prise immédiatement après la visite dans le pays du directeur des Affaires de l’Hémisphère Occidental du Conseil National de Sécurité des États-Unis, Mauricio Claver-Carone.

‘Nous allons avoir d’autres visites, avec différents membres de groupes démocratiques, ici en Bolivie, et ainsi soutenir au nom du président (Donald Trump) cette transition qui se déroule avec beaucoup d’optimisme (…)’, a exprimé le fonctionnaire étasunien au Palais Quemado.

Le coup d’État en Bolivie contre le gouvernement d’Evo Morales, intervenu le 10 novembre, selon des enquêtes, a été orchestré et financé par les États-Unis avec des paiements aux militaires et aux policiers qui ont exigé la démission du mandatairepar un scénario conçu pour faire apparaître une prétendue fraude électorale.

Morales lui-même, qui a dû se réfugier au Mexique puis en Argentine, a signalé le gouvernement de ce pays, l’Organisation des États Américains (OEA), l’ambassade étasunienne à La Paz, et des secteurs réactionnaires de la droite bolivienne comme les conducteurs de l´attaque putschiste.

‘L’OEA n’est pas au service des peuples latino-américains et encore moins des mouvements sociaux, elle est au service de l’empire nord-américain’, a déclaré Morales lors de sa première conférence de presse à son arrivée au Mexique.

Le leader du MAS a expliqué dans une interview au quotidien La Jornada que l’ambassade des États-Unis avait organisé le coup d’État et provoqué l’effusion de sang.

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