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Jeanine Áñez, entre la soif de pouvoir et la cécité politique

Par Alain Valdés Sierra

La Havane, 12 février (Prensa Latina) Les évaluations concernant Jeanine Áñez, mandataire autoproclamée de la Bolivie, se concentrent aujourd´hui autour de sa candidature à la présidence, des accusations de persécutions politiques et des décisions contestées de son gouvernement de facto qui dépassent son caractère « transitoire ».

Plusieurs voix s’élèvent en dehors et à l’intérieur du pays andin-amazonien pour critiquer son travail à la tête d’un gouvernement considéré, par une grande partie des Boliviens et de l’opinion internationale, comme le résultat d’un coup d’État contre l’ancien président Evo Morales (2006-2019).

La décision d’Áñez de se présenter à la présidence lors des prochaines élections générales du 3 mai est peut-être le talon d’Achille de sa projection souhaitée en tant que figure publique, une appréciation divisée entre ceux qui pensent que cette candidature est inconstitutionnelle et ceux qui pensent qu´elle est contraire à l’éthique et immorale.

Quoi qu’il en soit, l’officialisation de sa candidature a suscité des réactions hostiles, y compris de la part de ceux qui ont accepté de la nommer présidente de la Bolivie, au mépris de la Constitution.

Un commentaire publié par le New York Times affirme qu’Áñez, trois mois après son entrée en fonction, s’est révélée être une personnalité assoiffée de pouvoir qui cherche à rester à la présidence au-delà de ce qui a été convenu et utilise des méthodes dangereuses pour les institutions du pays.

Alors que le British Financial Times a publié un éditorial dans lequel il considérait cette candidature comme une menace pour l’avenir démocratique du pays, comme l’ont montré ces derniers mois de gestion, où ‘le gouvernement de transition de Madame Áñez a commencé à se comporter comme une administration bénéficiant du soutien des urnes’.

L’autre critique portée à la présidence autoproclamée est liée aux allégations répétées de persécution politique d’anciens fonctionnaires du gouvernement d’Evo Morales et de dirigeants du Mouvement Vers le Socialisme (MAS), situation condamnée par l’Organisation des Nations Unies (ONU).

Il y a quelques jours, l’envoyé spécial de l’organisme international pour la Bolivie, Jean Arnaud, a expliqué que dans un contexte électoral il ne devrait pas y avoir d’actes de persécution politique, y compris d’abus de procédures judiciaires à cette fin.

Peu après, cette observation a été appuyée par le Rapporteur spécial de l’ONU sur l’indépendance des magistrats et des avocats, Diego Garcia-Sayán, qui a qualifié cette situation de préoccupante.

‘Je suis préoccupé par le recours aux institutions judiciaires et fiscales à des fins de persécution politique. Le nombre de détentions illégales augmente (…) J’appelle au respect de l’indépendance des institutions et de la procédure régulière’, a écrit le fonctionnaire sur son compte Twitter.

Dans un article paru dans le quotidien espagnol El País, Garcia-Sayán indique que l’administration d’Áñez aurait dû se concentrer sur l’organisation des prochaines élections et être le pont d’une transition démocratique, alors qu´il fait sonner ‘l’alarme internationale en éveillant des souvenirs de moments sombres de l’histoire bolivienne qui semblaient abrités dans un passé lointain’.

Enfin, certaines des décisions prises par l’administration d’Áñez vont au-delà de leur caractère transitoire et relèvent d’un gouvernement élu par la majorité des Boliviens.

L´expert souligne à cet égard ce que plusieurs analystes et juristes appellent un ‘changement de cap’ dans la politique étrangère de la Bolivie, avec des retournements qui visent plus à rompre avec celle établie sous les gouvernements du MAS qu’à appliquer des termes pratiques en matière de relations internationales.

Le commentaire du New York Times, signé par la journaliste brésilienne Sylvia Colombo, souligne un revirement radical de la politique étrangère de la Bolivie, désormais proche des États-Unis et d’Israël, et confrontée à des pays comme l’Espagne, le Venezuela, Cuba et le Mexique.

Évoquant le cas ponctuel du Mexique, l’ancien président bolivien, Eduardo Rodríguez Veltzé (2005-2006), a regretté les événements liés à l’ambassade de ce pays à La Paz, où plusieurs anciens fonctionnaires du gouvernement d’Evo Morales sont encore réfugiés.

Après le coup d’État du 10 novembre dernier, les autorités putschistes ont commencé à persécuter politiquement les anciens membres du cabinet ministériel et MAS.

Face à cette situation d’insécurité, six anciens ministres, un ancien gouverneur, un ancien vice-ministre et un ancien directeur se sont réfugiés au siège diplomatique mexicain en attente des sauf-conduits nécessaires, bien que deux d’entre eux aient déjà reçu l’autorisation de sortie au milieu d’actions arbitraires de la police.

En outre, Rodriguez Veltzé s’est interrogé sur les agissements des autorités putschistes qui ignorent des figures juridiques telles que l’asile et le sauf-conduit, et le principe de maintenir des relations diplomatiques avec le plus grand nombre de pays.

Il reste un peu plus de deux mois avant le scrutin en Bolivie, mais le chemin d’Áñez se débat entre l’amour du pouvoir et l’aveuglement politique, conditions qui pourraient la priver d’une victoire aux urnes.

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