Bogota, 5 mars (Prensa Latina) De nouvelles révélations sur l’achat de votes en Colombie pointent aujourd’hui l´ancien président et actuel sénateur Alvaro Uribe et le chef de l’État, Ivan Duque, à un peu plus d’un an et demi de l’arrivée de ce dernier au pouvoir.
Selon un article paru dans le journal La Nueva Prensa, une enquête ouverte par le Bureau du Procureur pour élucider un homicide dans la ville de Barranquilla attribué à José Guillermo Hernández, alias ‘Ñeñe’, a indirectement capté des conversations de ce dernier concernant l´achat de votes.
Dans les enregistrements, le suspect dit à ses interlocuteurs être au centre d’une opération d’achat de voix sur la côte Nord pour Duque, et ce sur ordre d’Uribe.
Les réactions se sont succédées dans le pays au point que sur le réseau social Twitter l´étiquette #Uribe a acheté l´élection de Duque est devenue virale.
Alirio Uribe, avocat et défenseur des droits de l’Homme de renom et qui n´a aucun lien de parenté avec l´ancien président, a déclaré : « Il en sera toujours ainsi en l’absence d’une réforme politique ».
« État mafieux, gouvernement mafieux. Les interceptions des communications du narcotrafiquant ‘Ñeñe’ révèle l´achat de votes pour Duque sur ordre d’Uribe », a-t-il déclaré.
« La Colombie n’est pas seulement le pays le plus corrompu du monde, c’est le plus pourri », a pour sa part estimé le sénateur Gustavo Bolivar.
L’ancien candidat présidentiel Gustavo Petro a quant à lui déclaré que le narcotrafiquant Ñeñe Hernández avait été envoyé à La Guajira (département) pour acheter avec son argent sale les votes pour Duque. « L’ordre a été donné par Uribe. Vous doutez toujours que nous ayons un président qui a gagné en trichant », a-t-il demandé.
Les nouvelles révélations sont connues après celles divulguées par Aida Merlano, ancienne membre du congrès recherchée par la justice et capturée par les autorités vénézuéliennes, qui a assuré que Duque, de même que la classe politique, n’a pas intérêt à demander son extradition en raison de ses témoignages et preuves révélant le réseau de corruption qui existe en Colombie.
Parmi les principales personnes signalées par Merlano figurent les membres de la famille Char, des dirigeants politiques tels que Germán Vargas Lleras, Álvaro Uribe, l’ancien président Juan Manuel Santos, la famille Gerlein et le chef d’État actuel.
Selon l’ex-congressiste, en 2014, Vargas Lleras, alors vice-président de Santos, a reçu 15 milliards de pesos (environ 5 millions de dollars) en espèces en provenance de Julio Gerlein (ancien conjoint de Merlano) et d’un représentant de la société brésilienne Odebrecht pour parrainer un second mandat de l’ancien chef d’État.
Elle a également déclaré que Gerlein lui avait raconté qu’il avait investi un capital important dans la campagne présidentielle de Duque.
Ivan Duque a été élu président de la République le 17 juin 2018 avec 10 millions 365 mille 450 voix, suivi de près par Gustavo Petro.
Face à ce résultat électoral, Merlano a déclaré que non seulement Duque avait connaissance de l’existence de l’achat de votes en sa faveur, mais qu’il avait aussi rencontré les personnes qui avaient encouragé cette pratique.
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