Par Pedro García Hernández*
Damas, 28 mai (Prensa Latina) Dès le 8 juillet 2011, les ambassadeurs des États-Unis et de France en Syrie, Robert Stephen Ford et Eric Chevalier, respectivement, étaient présents dans la ville syrienne de Hama pour soutenir ouvertement des manifestations antigouvernementales encouragées par des groupes extrémistes armés qui prétendaient maintenir le cours du Printemps arabe dans cette nation du Moyen-Orient.
Le Gouvernement syrien a alors convoqué les diplomates susmentionnés et les a accusés d’ingérence manifeste dans les affaires intérieures et de participation à des actions contre la sécurité et la stabilité, tandis que, de l’extérieur, un plan financé par l’Arabie Saoudite à hauteur de 2 milliards de dollars et coordonné à la fois par les services de renseignement des États-Unis et d’Israël était en cours, ainsi que l’entrée par les frontières de la Turquie et de l’Irak de milliers d’extrémistes pour renverser le président Bashar Al Assad.
Ces actions ont été conjuguées à une campagne médiatique sans précédent dans la région à partir des chaînes Al Jazeera au Qatar, des organisations d’opposition syriennes basées au Royaume-Uni, aux Pays-Bas et en Turquie et le blocage des communications de la Syrie par satellite comme Intelsat et Eurelsat avec des serveurs et un contrôle en Europe occidentale.
Entre cette année et la fin de 2012, plus d’un demi-million de sites internet ont utilisé tous les moyens possibles pour diaboliser le gouvernement d´Al-Assad, ignorer la vingtaine de policiers assassinés à Hama et l’intensification de la violence terroriste à Damas, Alep, Homs, Raqqa et Deir Ezzpor, parmi les principales villes du pays.
Le complot, concerté et en cours, s’est poursuivi même si, le 26 février 2012, 89,4 % des Syriens ont adopté une nouvelle Constitution pour légitimer les réformes intégrales menées par le gouvernement dirigé par Al-Assad, alors que la plupart des nations d’Europe occidentale, les États-Unis et d’autres pays avaient déjà fermé leurs ambassades.
Malgré cette réalité inquiétante, l’intervention directe contre cette nation du Levant n’a pas abouti en raison du veto exercé par la Russie et la Chine au Conseil de Sécurité de l’ONU. Puis les stratégies ont changé et ont commencé à parler de manière déformée d’opposition ‘modérée’ et à ignorer le mot terroriste de manière insistante parmi plus de 100 organisations extrémistes organisées et soutenues de l’extérieur.
Histoire du terrorisme « modéré »
Dès le début de la guerre imposée à la Syrie, les États-Unis et leurs alliés ont constamment modifié leurs directives opérationnelles, favorisé le remplacement des noms dans les organisations extrémistes, facilité l’utilisation illégale de points de passage frontaliers avec l’Irak et ont progressivement renforcé le soutien aux groupes à majorité kurde tels que les dénommées Forces démocratiques syriennes (FDS).
D’une manière ou d’une autre, sans aucune contestation apparente, Washington, à partir des 12 installations militaires situées dans le nord des provinces syriennes d’Alep et d’Hassaké, a évité des confrontations avec les troupes turques qui ont fait irruption depuis octobre 2018 sur le territoire de cette nation du Levant et en moins de trois mois, avec les FDS essentiellement, les États-Unis ont déplacé, avec facilité et selon des données jamais exposées clairement, l’État islamique, Daech en arabe, des zones occupées dans ces régions.
De même, il n’y a pas eu de confrontation avec d’autres organisations, installées puis battues à Alep, comme la Junte pour la libération du Levant, ancien Front al-Nusra, ou le Parti islamique du Turkestan, en les considérant d’un point de vue nord-américain comme de tendance ‘modérée’ et en les approvisionnant en armes et en logistique à travers un réseau de trafic dénoncé depuis 2013 par l´ancien pilote de la Central Intelligence Agency (CIA), Robert Tosh Plumlee.
Ce n’est pas une simple coïncidence si Mohamed Al Golani, le chef de l’ancien Front al-Nusra, a été interné pendant six mois sur la base de Campo Bucca, après l’invasion de l’Irak, puis libéré, après des ‘pertes en armements’ exposées par Washington retrouvés ensuite dans les mains de ces organisations.
Lorsque le président étasunien Donald Trum a annoncé la défaite du Daech et la mort de son ‘leader’, Abu Bakr Al Bagdhadi, -également ‘arrêté’ à son époque à Camp Bucca- la vérité ne s´échappait pas et cela prouvait que le Daech se voyait confier d’autres tâches dans le vaste désert syrien d’Al Badiya et à partir de la base nord-américaine d´Al Tanef, dans le triangle frontalier entre la Syrie, la Jordanie et l’Iraq.
Les extrémistes « modérés »
Près de 10 ans après le début de la guerre terroriste contre la Syrie, les preuves sur le terrain ou dans le travail des agences de renseignement occidentales et de certaines au Moyen-Orient, y compris celles du régime sioniste d’Israël, témoignent de l’escamotage et de la déformation utilisés pour transformer des organisations comme l’ancien Front al-Nusra ou le Parti islamique du Turkestan en mouvements « modérés » qui luttent dans la guerre civile.
Cet écheveau enchevêtré a maintenant toutes les chances d’atteindre le nœud qui l’a créé : les Etats-Unis et la coalition internationale qu’ils dirigent, protégée par le bouclier de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) et dont l’objectif est la division et la destruction de la Syrie en tant qu’État.
Une des conséquences de cette politique, qui s’étend donc à l’Iran et à la Russie, est le soutien continu des États-Unis et de leurs alliés à la recherche de prétextes et de moyens pour une intervention directe, laquelle, de fait, fonctionne déjà dans la pratique avec la présence continue des forces spéciales des États-Unis et de l’OTAN à Hasaka et dans les zones pétrolières et gazières de Raqqa et de Deir el-Zor.
De la même manière, ils s´allient pour passer sous silence ou tergiverser les provocations d’attaques chimiques de l’ex-al-Nusra et d’autres groupes « modérés », ainsi que pour accroître l’appui aux FDS et autres organisations kurdes afin de diviser la nation syrienne, y compris par des actions continues pour déplacer la population arabe d’origine, diviser chrétiens et musulmans et tenter de manipuler les clans tribaux du nord de cette nation du Levant.
Cette stratégie de diversion et de manipulation massive depuis les centres de pouvoir occidentaux, comme la tactique consistant à transformer des extrémistes en « modérés », a été utilisée progressivement en Syrie pour tenter de rendre normale toute situation d’insécurité.
*Correspondant de Prensa Latina en Syrie.
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