Bruxelles, le 25 septembre (Prensa Latina) L’Union Européenne (UE) vient de présenter un nouveau pacte sur l’asile et les migrations qui suscitait de grandes attentes, mais qui laisse un sillage de déception et de non-conformité parmi les partisans d’une politique migratoire plus humanitaire.
Quatre ans après l’adoption en 2016 d’un mécanisme d’accueil qui a été reconnu comme un échec, le bloc régional a préparé une nouvelle proposition au milieu de revendications en faveur d’un système juste pour ceux qui fuient un conflit, la persécution et la misère.
Y compris les entités de l’ONU attendaient avec impatience la divulgation du document, comme en témoignaient les déclarations du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) et de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).
Avant la présentation, le titulaire du Haut-Commissariat, Filippo Grandi, avait qualifié ce nouveau pacte de ‘chance pour l’Europe de montrer qu’elle peut défendre le droit fondamental d’asile, tout en coopérant sur des politiques pragmatiques pour identifier ceux qui ont besoin d’une protection internationale et partager la responsabilité de ces personnes’.
De son côté, le directeur de l’OIM, Antonio Vitorino, a rappelé à l’UE l’importance d’une approche équilibrée, globale et fondée sur des principes qui reconnaissent que la migration est une réalité humaine qui doit être gérée à des fins mutuellement bénéfiques.
Toutefois, la complexité de la réalité régionale a constitué une pierre angulaire pour la Commission Européenne, qui a dû tenter, pour élaborer le plan, de surmonter les profondes différences existant entre les pays membres.
Alors que les nations de première ligne plaident pour une répartition équitable des sans-papiers sur la base de quotas, d’autres moins exposées au phénomène refusent d’accueillir les migrants, contradiction qui a été à la base de l’échec de la politique adoptée en 2016.
Après plus d’un an de négociations, le pacte annoncé avant-hier renonce aux quotas et esquisse un mécanisme volontaire qui permettra aux nations de choisir entre un catalogue de contributions flexibles, qui peuvent aller de l’accueil des migrants à la prise en charge des déportations ou à l’aide à la construction de centres d’accueil.
Il importe également de rendre plus efficaces les procédures de retour dans leur pays d’origine des migrants qui n’ont pas obtenu le statut de réfugié; ainsi que de renforcer la coopération avec les nations qui font partie des itinéraires migratoires afin d’organiser des déportations plus rapides.
Margaritis Schinas, vice-président de la Commission européenne chargé des Migrations, a déclaré que le pacte établit un équilibre entre la solidarité réclamée par les pays de première ligne et la responsabilité évoquée par ceux de deuxième ligne.
De son côté, la commissaire à l’Intérieur, Ylva Johansson, a déclaré que le projet garantira des procédures plus claires, plus équitables et plus rapides à la frontière.
Ces paroles ont été immédiatement réfutées par des spécialistes en la matière et par des représentants de nombreuses organisations humanitaires travaillant sur le terrain pour aider les communautés de migrants.
Le plan est ‘un équilibre entre xénophobie et lâcheté’, a déploré l’expert en législation migratoire européenne, Francois Gemenne.
Pour sa part, la directrice d’Oxfam dans l’UE, Marissa Ryan, a déclaré qu’avec le nouveau système, l’UE ‘s’est inclinée devant la pression des pays du bloc dont le seul objectif est de réduire le nombre de personnes bénéficiant d’une protection en Europe’.
Pour la secrétaire générale de Caritas sur le continent, Mary Nyman, le nouveau mécanisme est inacceptable car loin de garantir un accueil juste et humanitaire, les changements introduisent de nouvelles facilités pour que les pays de l’UE puissent refuser les migrants et les renvoyer dans leur pays d’origine.
Selon les analystes, la nouvelle proposition manque d’éléments clés pour aider à résoudre le conflit migratoire, qui vise à rester une épreuve en suspens pour le bloc régional.
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