La Havane, 19 décembre (Prensa Latina) Après plus de 20 ans de dualité monétaire, Cuba arrivera en 2021 avec une seule monnaie et un seul taux de change, transformation indispensable au développement économique du pays, mais qui comporte de grands défis.
Le président cubain lui-même, Miguel Diaz-Canel, a reconnu que la disparition du peso cubain convertible (CUC) à partir du 1er janvier et l’établissement d’un taux de change unique de 24 pesos (CUP) pour un dollar, n’est pas une solution magique aux problèmes.
La dénommée Mission Réorganisation favorisera la création de conditions pour avancer de manière plus solide, sans menacer les conquêtes sociales de la Révolution entérinées dans la Constitution, a affirmé le mandataire.
La réorganisation monétaire vise, entre autres, à éliminer l’inefficacité qui existe aujourd’hui dans le monde entrepreneurial du pays.
À cet égard, Marino Murillo, chef de la Commission de mise en œuvre des directives du Parti communiste de Cuba, a averti que le processus entraînerait des pertes pour certaines entités, selon ses estimations pour 426 d´entre elles.
L’État a prévu un budget de 18 milliards de pesos pour aider ces entreprises et éviter les licenciements massifs de travailleurs pendant un an, période durant laquelle elles devront s’adapter au nouveau contexte pour générer des bénéfices.
Selon le fonctionnaire, le taux de change pour le secteur des entreprises est actuellement d’un peso pour un dollar et, dans ce scénario, les matières premières nationales sont plus chères que celles importées, mais avec la dévaluation de la monnaie locale, avec le passage d’un dollar à 24 pesos, les coûts nationaux seront moins chers.
Pour cette raison, les entreprises les plus efficaces seront celles qui éviteront les importations et utiliseront des productions faites sur l’île, ainsi que les exportatrices, car elles recevront 24 pesos cubains pour chaque dollar obtenu, a souligné Murillo.
Une autre des distorsions à résoudre sera celle du système des prix, qui, avec deux monnaies et deux taux de change, ne donne pas de signaux clairs aux producteurs sur la façon dont le marché fonctionne.
À cela s’ajoutent des problèmes de gestion, des contraintes administratives, un niveau élevé d’inefficacité, un manque d’incitations pour les exportateurs et des déséquilibres macroéconomiques.
Entre-temps, la principale préoccupation des Cubains est que les changements, destinés à remédier aux distorsions économiques, conduisent à une hausse des prix après la suppression de subventions et de gratuités indues.
Ce sera précisément l’un des défis à relever : maîtriser la hausse des prix abusifs et spéculatifs dans le secteur du commerce de détail non étatique, indépendamment de l’existence de prix de gros centralisés pour les produits de base.
Cependant, « aucun Cubain ne sera laissé pour compte », a assuré Diaz-Canel au sujet de l’augmentation des coûts des biens et services suite à la dévaluation du peso dans le secteur des entreprises, qui sera soutenue par une augmentation des revenus de la population.
Le salaire minimum passera à 2.100 pesos, tant pour les entreprises que pour le secteur budgétisé, et un million 671 mille retraités bénéficieront de pensions supérieures à 1.528 pesos, car il s´agira de la valeur du panier de base des biens et services.
En outre, les bénéficiaires de l’aide sociale recevront également une augmentation proportionnelle à l’augmentation de la valeur des produits et services; tandis que pour les familles vulnérables, dont les revenus sont insuffisants, il y aura un fonds de 700 millions de pesos.
Malgré la suppression des subventions pour certains produits et services, d’autres seront maintenues, comme celles destinées spécifiquement aux enfants de moins de six ans et concernant les médicaments pour des maladies comme le diabète ou l’hypertension.
La mise en œuvre de cette réorganisation a fait l’objet d’années d’études de la part des autorités cubaines et des experts, bien que Murillo lui-même ait averti que si nécessaires certaines décisions seraient rectifiées.
En effet, il a souligné devant les députés cubains cette semaine que toutes les opinions de la population sont en cours de révision, y compris le nouveau tarif électrique, l’une des mesures les plus controversées.
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