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L’Argentine à la recherche de la vérité et de la justice

Par Maylín Vidal

Buenos Aires, 25 mars (Prensa Latina) À 45 ans du coup d’État militaire qui a plongé l’Argentine dans l’une des périodes les plus sombres de son histoire, ce pays poursuit aujourd’hui ses procès pour crimes contre l’humanité en quête de justice.

Certains de ceux qui ont commis ces crimes odieux ont quitté ce monde sans payer pour ceux-ci, d’autres ont passé un temps considérable assis chez eux, en attendant d’être jugés, et beaucoup ont y compris été graciés.

Mais la lutte continue grâce à la constance des collectifs et des organisations des droits de l’Homme qui demandent que les responsables soient punis, mais cherchent surtout à savoir de qu´il est advenu de leurs proches.

Selon les chiffres les plus récents, il y a à ce jour 1.025 personnes condamnées. Beaucoup de parents, grands-parents, enfants, attendent toujours de connaître la destination finale des plus de 30.000 détenus-disparus. D’autres vivent dans l’incertitude de savoir s’ils font partie de ces centaines d’enfants enlevés et remis à des familles.

L’Argentine, dans la recherche de la vérité et de la justice au cours de ces quatre décennies et demie, et grâce à la résistance de nombreuses personnes, a réussi à mener plusieurs procédures pour crimes contre l’humanité, et à faire de l’Argentine l’un des rares pays à avoir souffert de dictatures récurrentes ayant avancé dans ces procès, bien que souvent trop lentement.

Selon un article paru hier dans le journal Pagina 12, des chiffres indiquent qu’à ce jour 3.500 personnes ont fait l’objet d’une enquête et moins d’un tiers d’entre elles ont été condamnées.

Les chiffres proviennent d’un document du Bureau du Procureur chargé des crimes contre l’humanité. À l’heure actuelle, 21 procès sont en cours et 73 autres attendent la date d’ouverture des audiences.

Beaucoup de mères sont mortes sans savoir où se trouvaient leurs enfants, les fameuses grands-mères de la Place de Mai attendent toujours de retrouver leurs petits-enfants, certaines très âgées sont également décédées durant cette longue attente, d’autres ont embrassé le bonheur grâce à leur dur combat qui a réussi à trouver la véritable identité des enfants de leurs enfants.

C’est pourquoi, chaque fois qu’un petit-fils est « rendu », retrouvé, ils sont déjà au nombre de 130, cela est dignement célébré dans cette patrie par un cri d’amour collectif.

Beaucoup d´eau a coulé sous les ponts depuis que l’on a pu retrouver les premiers enfants volés, comme ce fut le cas de l’actuelle psychologue Tatiana Sfiligoy, qui, avec sa sœur, ont été les troisième et quatrième petite-filles restituées.

‘Il y a un avant et un après avoir appris la vérité sur vos parents biologiques. C’est très fort de découvrir qu’il y a un grand mensonge. Le premier lien de confiance est avec les parents, il est complexe de pouvoir faire confiance à l´autre quand ce premier lien a été brisé. Ce n’est pas la même chose d’être adopté qu’approprié’, a-t-elle un jour confessé.

Les défis sont nombreux, en particulier en ces temps de pandémie où les procès se déroulent virtuellement. L’un des plus importants a eu lieu en décembre de l’année dernière.

En Argentine, après de longues années d’attente et la détention à domicile dont bénéficient certains génocidaires, le Tribunal oral fédéral 1 a condamné plusieurs personnes ayant activement participé au régime répressif pour enlèvements, tortures et assassinats commis dans le centre clandestin de la Brigade San Justo, dont le redoutable Miguel Etchecolatz, qui compte dorénavant une huitième peine de prison à perpétuité.

Etchecolatz, qui a avoué avoir tué plusieurs opposants à la dictature, était le principal responsable des enquêtes de la police dans la province de Buenos Aires en 1976 et 1977, lorsque la junte militaire était au pouvoir, et a été responsable de 21 centres de détention.

Ce dernier, que même sa fille considère comme un ‘narcissique sans scrupules’, a suivi le verdict depuis la prison de Campo de Mayo. Il a été vu se lever à l’écoute de sa sentence montrant une affiche accroché au cou avec la légende ‘Seigneur Jésus, si je suis condamné c´est pour suivre votre cause’.

En ce 45ème anniversaire du coup d’État qui a plongé l’Argentine dans l’obscurité pendant sept ans, il est interdit d’oublier.

Mais comme répètent les célébres grand-mères de la Place de Mai : ‘à la haine nous répondrons toujours avec amour et lutte’. Elles savent qu’il y a beaucoup de jeunes, leurs héritiers, qui s’unissent et font leur cette bataille éternelle pour la mémoire, la vérité et la justice.

peo/car/may

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