Par Elizabeth Borrego Rodriguez (*)
La Havane, 5 avril (Prensa Latina) Le désir de domination des États-Unis sur Cuba a marqué le destin du pays caribéen du milieu du XIXe siècle jusqu’à nos jours, avec un tournant historique après le triomphe révolutionnaire de 1959.
La Révolution a mis fin à la relation de dépendance culturelle, idéologique, politique et économique que la nation caribéenne entretenait pendant des décennies avec son voisin du nord, selon le général de division (retraité) Fabian Escalante.
De l’avis du spécialiste des questions de sécurité d’État, la domination nord-américaine jusqu’au milieu du XXe siècle a favorisé la dépendance économique pendant la période néocoloniale qui s’est terminée par la victoire de l’Armée rebelle il y a 62 ans.
« C’est la cause de cette inimitié historique », a assuré à Prensa Latina l’auteur de « La guerre secrète » et d’autres textes qui documentent les nombreux plans subversifs organisés par la Maison Blanche contre la nation voisine.
DÉTERMINATION POUR L’INDÉPENDANCE
La confrontation entre Washington et La Havane a eu lieu depuis l’émergence des États-Unis en tant que nation indépendante, et avec la détermination des Cubains et leur sentiment d’indépendance, a-t-il manifesté.
En 1898, après la guerre hispano-cubano-nord-américaine, une seconde intervention s´est produite dans une Cuba dévastée par la guerre.
« Les Cubains avaient tout mis en œuvre dans la lutte, apporté leur capital et les nord-américains sont arrivés à prendre les « mangues basses » (facilement accessibles) : ils ont établi leurs entreprises de service, pour la production de sucre, d’ingénierie et d’autres monopoles », a-t-il rappelé.
L’une des raisons fondamentales de la lutte des Cubains pour leur indépendance a toutefois été le facteur culturel et idéologique.
« Il s’agissait de la défense contre l’influence nord-américaine dans la société, pour éviter ce processus qui a été accompli en quelque sorte et est venu à y compris transformer la langue castillane ici », a-t-il ajouté.
Ce différend a placé Cuba devant deux sorties au XXe siècle : sa consolidation en tant que nation souveraine et indépendante, libre de toute domination étrangère, ou devenir un appendice du pays voisin.
En conséquence, le processus entamé avec le triomphe du 1er janvier 1959 a inculqué une culture nationale de valeurs morales et éthiques; « un fait que les Etats-Unis ne pardonneront jamais », a-t-il estimé.
Washington a depuis mis en œuvre un modèle d’agression de toutes sortes, allant des plans armés, des sabotages et des mesures économiques aux actes terroristes sous le seul prétexte de faire avorter le processus révolutionnaire, a-t-il signalé.
D’AGRESSIONS DIVERSES À DES CAMPAGNES TERRORISTES
« Ces 62 années ont non seulement été de lutte dans le domaine des idées, face à la dénommée guerre psychologique, mais aussi contre des agressions militaires et terroristes documentées », a-t-il affirmé.
Un des premiers exemples est le décret exécutif signé par le président de l’époque Dwight D. Eisenhower, le 17 mars 1960, qui a fini dans les sables de Playa Girón -baie des Cochons, au centre sud de Cuba- avec la défaite de l’invasion mercenaire organisée et armée par Washington.
Parallèlement, la Central Intelligence Agency et le Département d’État des États-Unis, ainsi qu´une partie de l’Église catholique, ont promu l’opération Peter Pan, une campagne menée entre 1960 et 1962 pour terroriser une partie de la bourgeoisie.
« On estime que plus de 14.000 enfants sont partis de Cuba et ont été envoyés aux États-Unis, dont beaucoup n’ont, en conséquence, jamais revu leurs parents », a-t-il déclaré.
L’opération Peter Pan est une opération coordonnée entre 1960 et 1962 par les États-Unis, l’archidiocèse de Miami, et certains cubains qui consistait à amener à Miami des enfants cubains. Hostile au régime, l’Eglise catholique est à l’origine de la folle rumeur qui envahit alors l’île : Fidel Castro entendrait « nationaliser » les enfants de 5 à 18 ans, et ces derniers seraient arrachés à leurs parents pour être éduqués par l’Etat ou envoyés en URSS. Avec l’aide de l’archidiocèse de Miami et le père Bryan O. Walsh, les enfants furent placés dans 35 États.
Mais en outre, des centaines de sabotages ont été prévus dans le cadre de l’opération Mangouste pour provoquer la révolte et le renversement du Gouvernement par des actions visant à entraver le transport maritime à destination de Cuba, la culture de produits alimentaires et la vente de nickel, entre autres.
Ce programme, monté par le Conseil de sécurité nationale des États-Unis après l’échec de Girón, comprenait également des plans d’attentats contre le leader de la Révolution, Fidel Castro, et d’autres dirigeants du processus.
« De janvier à août 1962, 5.780 actes subversifs, terroristes, assassinats et incendies ont été commis sur le territoire cubain. Si ce n’est pas une campagne terroriste, qu’est-ce que c’est? », questionne encore Escalante aujourd´hui.
Le plan d’action comprenait 32 tâches divisées entre la guerre économique et des tâches politiques, militaires, de renseignement et de subversion politico-idéologique.
Par la suite, la guerre biologique a été employée dans le but d’utiliser un moyen chimique pour affecter la vue des Macheteros (coupeurs de cannes à sucre) et saboter la récolte de sucre.
Au sujet de cette guerre sans merci, Escalante lui-même a documenté plus de 634 complots et complots pour assassiner Fidel Castro de la fin 1958 à 2000.
Certaines de ces opérations ont été reconnues devant le propre Congrès des États-Unis, a-t-il souligné.
GUERRE MULTIFORME
Cependant, dans la dernière étape la politique des États-Unis envers Cuba a visé à saboter le commerce extérieur, les achats et tout lien avec la nation caribéenne, une autre expression de la guerre multiforme de Washington contre La Havane.
Cette conception plus « aseptisée » de la guerre économique a eu des points clés dans les années 90 avec l’entrée en vigueur des lois Torricelli, Helms Burton et d’autres qui au cours des trois dernières décennies ont saboté le commerce extérieur cubain.
De l’avis de l’expert, l’administration de Donald Trump a confirmé le caractère sauvage et brutal de cette modalité avec plus de 240 mesures visant des secteurs stratégiques comme le tourisme, l’arrivée de carburant ou les missions médicales internationalistes.
« Il ne s’agit pas seulement de résoudre le problème historique de domination avec Cuba, il s’agit de montrer à l’Amérique latine et au monde que cela est possible », a-t-il conclu.
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(*) Journaliste de la Rédaction Nationale de Prensa Latina
Ce travail a bénéficié de la collaboration d’Amelia Roque, éditrice ; Orlando Oramas, journaliste de la Rédaction Nationale ; David Reyes, éditeur de PLTV ; et Wendy Ugarte, webmaster.