Santiago du Chili, 20 décembre (Prensa Latina) Promouvoir le processus constituant et répondre aux exigences exprimées lors de l’explosion sociale de 2019 sont aujourd’hui quelques-uns des défis du prochain président chilien Gabriel Boric, qui prendra le pouvoir en mars 2022.
Le porte-drapeau de la coalition de gauche Apruebo Dignidad a remporté les élections de ce dimanche avec 55,87 pour cent des voix, un avantage de 11,74 points par rapport à son rival, le candidat d’extrême droite José Antonio Kast, du Front social chrétien.
À 35 ans, Boric est devenu le plus jeune mandataire élu du Chili mais également celui ayant obtenu le plus de suffrage, atteignant les 4,6 millions, au-dessus des 4 millions obtenus en 1993 par Eduardo Frei.
L’ancien député chilien s’est imposé dans 11 des 16 régions du pays : Arica et Parinacota, Antofagasta, Atacama, Coquimbo, Valparaiso, Metropolitana, O’Higgins, Los Ríos, Los Lagos, Aysén, Magallanes et l’Antarctique chilienne.
Dans son premier discours à la nation, il a reconnu que les temps à venir ne sont pas faciles parce qu’il faut faire face aux conséquences de la pandémie de la Covid-19 et s’attaquer aux causes du soulèvement social toujours existantes.
Le 18 octobre 2019 a commencé dans cette capitale un mouvement, poussé par des étudiants, contre la hausse du tarif du métro, qui s’est ensuite étendu à tout le pays et a démontré le mécontentement de la population face aux inégalités sociales et au modèle néolibéral.
Les manifestations ont été violemment réprimées par les carabiniers et les forces militaires, faisant près de 30 morts, des milliers de blessés et 460 blessés oculaires par des tirs de chevrotine ou de lacrymogènes.
L’une des principales revendications des manifestants a été de modifier la Constitution actuelle, héritée de l’époque de la dictature d’Augusto Pinochet (1973-1990), et de renforcer le rôle de l’État dans les services de base.
Installée le 4 juillet dernier après l’élection par le peuple de ses 155 membres, dont 17 issus de communautés autochtones, la Convention constitutionnelle rédige actuellement la nouvelle loi fondamentale, qui devrait entrer en vigueur l’année prochaine après être soumise à un référendum.
Devant une foule rassemblée au centre de Santiago, Boric a promis de défendre le processus constitutionnel, qui est un motif de fierté, a-t-il manifesté, car pour la première fois la constitution est rédigée de manière démocratique, paritaire et avec la participation des peuples autochtones.
Le nouveau président élu a réaffirmé que son programme de gouvernement prévoit d’avancer de manière responsable dans les transformations nécessaires au pays, sans laisser personne de côté.
D’autres objectifs de son administration seront de renforcer le rôle de l’État, de réformer le système actuel de pensions, d’augmenter le salaire minimum, de réduire le temps de travail, d’augmenter les impôts sur les plus riches et de parvenir à une meilleure redistribution des richesses.
Interrogé par le quotidien numérique El Mostrador, Fernando Carmona, conseiller économique de Boric, a déclaré que le programme du gouvernement sera le même que celui présenté lors du second tour électoral.
Avec les équipes des anciens candidats présidentiels Marco Enriquez-Ominami et Yasna Provoste, quatre engagements ont été définis dans des domaines tels que l’éducation, la santé, la fiscalité et la relance économique, a-t-il souligné.
Carmona a assuré que le gouvernement ne méconnaîtrait pas le rôle joué par la Banque centrale, ni l’objectif important de maintenir l’inflation à un niveau bas.
Le plan de relance économique aura une incidence tant sur le secteur public que sur le secteur privé, l’accent étant mis sur l’amélioration des petites et moyennes entreprises et la création d’emplois pour les femmes, a-t-il expliqué.
Les avancées possibles passeront par la conclusion d’accords avec d’autres secteurs en vue de l’adoption de lois par un Congrès aux forces politiques très diverses.
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