La Havane, 21 février (Prensa Latina) On ne saura jamais combien d’entreprises qui ont voulu investir à Cuba ne l’ont pas fait en raison du blocus économique, commercial et financier des États-Unis, qui a déjà coûté des milliards de dollars au pays.
C’est ce qu’estime la directrice de la Politique commerciale avec l’Amérique du Nord au Ministère du Commerce extérieur et de l’Investissement étranger (Mincex), Mariluz B’Hammel, qui a manifesté à Prensa Latina que toutes les mesures du blocus nord-américain ont un impact sur l’entrée de capitaux étrangers dans la nation caribéenne.
Pour développer une entreprise sur l’île, les investisseurs doivent faire face à des défis tels que les difficultés d’importation d’intrants et l’impossibilité d’utiliser le dollar étasunien sur les marchés internationaux, avec les coûts supplémentaires entraînés par le changement de monnaie, a-t-elle expliqué.
« Nous avons eu l’occasion d’échanger avec des entrepreneurs d’autres pays, y compris des États-Unis, et beaucoup d’entre eux sont surpris quand ils sont touchés de près par l’une des mesures du blocus avec sa portée extraterritoriale », a-t-elle déclaré.
À cet égard, elle a souligné que l’une des expériences les plus vécues par ceux-ci est quand ils vont effectuer une transaction bancaire et que l’institution financière où ils ont leurs comptes, et avec laquelle ils ont toujours travaillé, leur dit qu’il est impossible de faire l’opération pour Cuba.
C’est le résultat de l’effet intimidant de la politique de Washington envers la nation caribéenne, en particulier des sanctions et des amendes que le Département du Trésor nord-américain a imposées pendant des années à tant de banques et d’entreprises dans le monde, a-t-elle ajouté.
B’Hammel a également évoqué les obstacles que représente l’interdiction d’importer vers le pays des produits contenant plus de 10 pour cent de contenu d’origine nord-américaine.
« Dans le monde globalisé d’aujourd’hui, où toute production a des éléments de provenance différente, que ce soit dans les matières premières, les intrants, les composants… il est presque impossible de satisfaire à cette exigence, qui restreint la zone de marché à laquelle Cuba a accès tant pour les importations que pour les exportations », a-t-elle expliqué.
La spécialiste du Mincex a précisé que pour les différents achats et acquisitions, il s’agit d’une entrave permanente, car pour exporter à l’île un produit avec plus du pourcentage approuvé il faut avoir une licence d’une agence du gouvernement des États-Unis, et la volonté des différentes administration nord-américaines est que cela ne se produise pas.
À cela s’ajoute l’application intégrale de la loi Helms-Burton, qui a été adoptée en 1996, juste après l’adoption de la loi cubaine sur les investissements étrangers, et qui vise à entraver encore davantage l’entrée de capitaux étrangers sur l’île.
B’Hammel a plus paticulièrement fait référence au titre III de la loi Helms-Burton, qui était en moratoire jusqu’en 2019 et permet maintenant la possibilité de poursuites contre ceux qui « trafiquent » avec des propriétés nationalisées par Cuba, « un terme très trompeur et éloigné de tout critère de légalité », ce qui a également un effet dissuasif.
Malgré tout, a-t-elle assuré, la nation caribéenne n’est pas restée les bras croisés et s’est plus que jamais engagée à attirer des flux accrus d’investissements étrangers grâce à diverses initiatives et à la recherche de solutions aux difficultés internes qui entravent ce processus.
À cet égard, elle a souligné que le portefeuille de débouchés commerciaux du pays reflétait la croissance du secteur, les options se multipliant chaque année.
L’actuel compte 678 projets dans les secteurs prioritaires de l’économie, 175 de plus qu’en 2020, et avec plus de 12 milliards de dollars pour des investissements.
B’Hammel a commenté que dans cette édition, les montants proposés sont moins importants, avec l’intention d’ouvrir l’espace de l’investissement à un plus grand nombre d’investisseurs potentiels, y compris les Cubains résidant à l’étranger.
Elle a également précisé que les spécialistes travaillent pour que les projets soient générés à partir du niveau local, ce qui est également exprimé dans le dossier des propositions d’affaires actuel.
Un autre aspect qui dénote la volonté de progresser dans ce domaine est la création du Guichet unique pour les investissements étrangers, une porte d’entrée pour ceux qui veulent miser sur le pays et où ils reçoivent information, conseils et accompagnement lors du processus, a-t-elle expliqué.
Il existe également la Zone spéciale de développement de Mariel, enclave stratégique, proche des ports de plusieurs pays et avec des conditions d’infrastructure pour l’implantation d’industries, qui, malgré les campagnes de discrédit, s’est agrandie au cours des dernières années, a-t-elle souligné.
Comme le ministre du Mincex, Rodrigo Malmierca, l’a indiqué au Parlement cubain en décembre dernier, 302 entreprises à capitaux étrangers, dont 104 entreprises mixtes, 54 organismes de fonds entièrement étrangers et 144 contrats de partenariat économique international sont actuellement en activité dans le pays, principalement dans le tourisme, l’énergie et l’industrie alimentaire.
Malgré la pandémie de Covid-19 et la recrudescence du blocus nord-américain, 47 nouvelles activités ont été approuvées au cours des deux dernières années, preuve que l’entreprenariat fait confiance à Cuba, a souligné le ministre.
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