Paris, 12 avril (Prensa Latina) La mortalité infantile en France a augmenté de plus de 10 pour cent au cours de la dernière décennie, principalement en raison de la pauvreté et du recul des soins de santé, a souligné aujourd’hui une étude du quotidien numérique Reporterre.
Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale (1939-1945), la France a réussi à réduire régulièrement cet indicateur jusqu’en 2005, date à laquelle il s’est stabilisé, mais à partir de 2012 le nombre de décès d’enfants au cours de leur première année de vie n’a cessé d’augmenter.
Le média a cité une étude publiée par la revue scientifique The Lancet, qui a mis en garde contre « une augmentation historique de la mortalité infantile en France », ainsi que les données de l’Institut national de statistique (Insee) concernant cet indicateur et ceux de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).
Dans les faits, les autorités sanitaires nationales ont réussi à réduire ce taux à 3,32 décès pour 1 000 naissances en 2012, mais huit ans plus tard, ce chiffre a atteint les 3,7 pour 1 000, ce qui a fait passer la France de la 9e place, derrière l’Allemagne, dans le classement des pays de l’OCDE concernant cet indicateur, à la 27e place, avec un taux égal à celui de la Pologne.
L’un des co-auteurs de l’étude publiée dans The Lancet, Grégoire Rey, a déclaré que « la mortalité infantile est un point d’alerte pour la santé publique qui a vraiment du sens. Une baisse est le symbole d’un système de santé qui va bien. Au contraire, une augmentation indique un dysfonctionnement ».
Il existe également de grandes disparités territoriales qui associent une augmentation de la mortalité infantile à une qualité de vie inférieure, ainsi dans les territoires d’outre-mer comme la Guyane française ou les îles de la Guadeloupe, la Martinique ou la Réunion, où l’indicateur atteint entre 7 et 8 décès pour mille naissances.
Même en France continentale, plusieurs provinces se rapprochent de 5 pour mille, et en Seine-Saint-Denis et à Belfort, ces taux atteignent 5,3 et 5,7 respectivement.
Les experts estiment que deux données peuvent expliquer ces variations, d’une part le manque de ressources dans les territoires les plus déprimés et, d’autre part, la réduction des investissements publics dans le domaine des prestations sociales et des soins de santé.
Selon l’étude, « bien que l’augmentation de la mortalité infantile semble être un symptôme d’une pauvreté plus large, certaines décisions de politique de santé pure peuvent avoir également influencé l’augmentation de la mortalité néonatale ».
Selon le chercheur de l’Université de la Sorbonne Gérard Francois Dumont « on peut estimer que la fermeture de nombreuses petites maternités explique en partie la stagnation et peut-être la résurgence actuelle de la mortalité infantile ».
En raison des coupes budgétaires 338 des 835 unités de maternité existantes ont été fermées entre 1997 et 2019, ce qui, avec la pénurie croissante de pédiatres, met en danger « la vie des enfants à naître, mais aussi des femmes qui accouchent », a assuré Dumont.
peo/mgt/Acm