Port-au-Prince, 14 août (Prensa Latina) Plus de 471 morts, blessés et disparus : il s’agit du bilan des récents affrontements entre groupes armés dans le nord de la capitale haïtienne, un incident violent de plus dans le pays en proie à une crise complexe d’insécurité.
Les gangs se sont battus à mort pendant les premiers jours de juillet pour le contrôle du vaste quartier de Cité Soleil, situé au nord de la capitale et qui est depuis des années sous l’influence des gangs.
La guerre s’est ensuite déplacée à Bel Air, à quelques mètres du Palais national, du siège de l’armée et de la Cour de cassation, la plus haute instance judiciaire.
« Aucun endroit n’est sûr en Haïti », a déclaré au journal Orbe Suze Pierre-Louis, une des personnes déplacées par les conflits à Croix des Bouquets, au nord-est de la capitale. Avec ses deux fils, elle a dû fuir son logement en avril dernier lorsque les affrontements hostiles entre 400 Mawozo et Chen Mechan ont fait plus de 200 morts, dont près de la moitié de civils.
La semaine dernière, un autre groupe opérant à Laboule 12, un quartier aisé de Port-au-Prince, a assassiné puis brûlé le corps de l’ancien sénateur Yvon Buissereth.
Des organisations de défense des droits humains ont signalé que les gangs contrôlent actuellement plus de 30 pour cent de la capitale, ce qui menace la vie de centaines de milliers de personnes.
Au cours des affrontements de juillet, quelque 300 000 résidents de Cité Soleil se sont retrouvés sans accès à l’eau, à la nourriture ou aux services de santé, tandis que des gangs empêchaient les travailleurs humanitaires d’entrer dans la localité.
« Les groupes armés ont de plus en plus de puissance, d’armes et de munitions et jouissent d’une plus grande impunité. Ils font partie d’une lutte interne au sein de l’extrême droite, d’où les affrontements entre gangs », a déclaré l’analyste Camille Chalmers.
Dans ce contexte complexe, l’insécurité a aggravé la crise économique et alimentaire qui touche plus de 4,3 millions d’Haïtiens. Dans le même temps, les deux principales forces politiques du pays ont abandonné le dialogue malgré la nécessité urgente de parvenir à un consensus national sur la stabilité. La communauté internationale, qui a récemment reconnu l’échec de ses 20 années d’intervention dans le pays – reste quant à elle muette.
peo/(article de l’hebdomadaire Orbe)