Buenos Aires, 27 novembre (Prensa Latina) Depuis la Plaza de Mayo, lieu où elle a combattu pendant 45 ans, des centaines d’Argentins ont dit adieux à Hebe de Bonafini, décédée le 20 novembre à l’âge de 93 ans.
De Bonafini, qui a dénoncé les crimes de la dernière dictature civile et militaire (1976-1983) dans ce pays et a consacré sa vie à la recherche de la justice et à la défense des droits de l’Homme, est décédée peu après avoir été hospitalisée pour des maladies chroniques.
Son décès a suscité une grande émotion et des personnalités telles que le pape François et le prix Nobel de la paix Adolfo Pérez Esquivel ont exprimé leur profonde tristesse et souligné son travail pour préserver la mémoire historique.
Les présidents de Cuba, Miguel Diaz-Canel, du Venezuela, Nicolás Maduro, et de Bolivie, Luis Arce, les anciens mandataires Evo Morales, Rafael Correa et Dilma Rousseff, et le nouveau chef d’État du Brésil, Luiz Inácio Lula da Silva ont également déploré sa disparition.
En Argentine, trois jours de deuil national ont été déclarés et le Gouvernement, des partis politiques et de nombreuses organisations lui ont rendu hommage.
« Chère Hebe, symbole mondial de la lutte pour les droits de l’Homme, fierté de l’Argentine. Dieu t’a appelé le jour de la souveraineté nationale… Ce n’est pas un hasard. Simplement merci et Hasta Siempre », a manifesté la vice-présidente Cristina Fernández après avoir appris le décès de la présidente de l’Association des Mères de la Place de Mai.
Hebe n’a cessé durant tant d’années de rechercher la vérité et, avec d’autres femmes, elle a entrepris un long chemin dans lequel elles seraient persécutées, surveillées, arrêtées et certaines assassinées pour ne pas avoir abandonné leur combat.
De cette façon, elles ont formé une des plus importantes forces de résistance dans ce pays et leurs foulards blancs sont devenus un symbole contre le régime (soutenu par les États-Unis dans le cadre de l’opération Condor).
« Je veux qu’on se souvienne de moi comme d’une mère qui s’est battue pour les 30 000 disparus, pour ces enfants ou beaucoup d’autres, parce que nous ne connaîtrons peut-être jamais le chiffre réel », avait demandé en une occasion De Bonafini.
« Je suis une femme ordinaire qui lave, repasse et cuisine. Je ne suis rien d’autre. Le jour de ma mort, vous n’avez pas à pleurer, mais à danser, chanter et faire une fête sur la place de Mai parce que j’ai fait, dit et combattu pour ce que je voulais », avait-elle ajouté.
À sa demande, ses cendres resteront à l’endroit où elle se rendait chaque jeudi et où elle a transformé la douleur en lutte.
peo/(Extrait de l’hebdomadaire Orbe)