Washington, 29 novembre (Prensa Latina) Selon le principe « publier n’est pas un crime », des médias influents font pression sur le gouvernement des États-Unis pour qu’il retire les accusations contre le journaliste australien Julian Assange, fondateur du site numérique WikiLeaks.
Assange, qui fait face à une procédure d’extradition vers les États-Unis pour 18 infractions liées à la loi sur l’espionnage et le piratage informatique, a notamment révélé en 2010 à travers ce site des milliers de documents militaires secrets du Pentagone sur les guerres en Irak et en Afghanistan.
«Cette accusation crée un dangereux précédent et menace de saper le premier amendement des États-Unis et la liberté de la presse», ont averti, entre autres, les quotidiens The Guardian et The New York Times. Les cinq principaux médias qui ont collaboré avec WikiLeaks en 2010 pour publier ces récits explosifs basés sur des câbles diplomatiques confidentiels du Département d’État nord-américain ont exprimé leur opinion dans une lettre envoyée à l’administration démocrate.
Selon le texte, il est temps de retirer toutes les charges contre Assange, qui languit depuis plus de trois ans dans une prison de haute sécurité à Londres.
« Douze ans après la publication du ‘Cablegate’, il est temps pour le gouvernement des États-Unis de mettre fin à la persécution de Julian Assange pour publication de secrets », exprime la lettre signée par les directeurs et éditeurs du The New York Times (États-Unis), The Guardian (Royaume-Uni), Le Monde (France), Der Spiegel (Allemagne) et El Pais (Espagne).
La lettre arrive à un moment où Assange lutte contre la tentative de Washington de l’extrader pour le juger pour violation de la loi sur l’espionnage de 1917.
S’il était reconnu coupable de tous les chefs d’accusation, il encourrait jusqu’à 175 ans de prison pour avoir publié des informations classifiées, une pratique journalistique courante, a souligné le site Internet Common Dreams.
Les organisations de défense de la liberté de la presse ont averti que le procès d’Assange constituerait une menace pour les journalistes du monde entier, un message dont les cinq journaux ont fait écho dans leur lettre.
La collecte et la diffusion d’informations sensibles lorsque cela est nécessaire pour l’intérêt public est une partie essentielle du travail quotidien des journalistes. Si ce travail est criminalisé, notre discours public et nos démocraties s’affaiblissent considérablement, ont souligné les signataires.
La fuite du «Cablegate» a consisté en plus de 250 000 câbles diplomatiques confidentiels des États-Unis offrant ce que le Times a qualifié de «vision sans précédent des négociations dans les coulisses des ambassades du monde entier».
Par exemple, le 5 avril 2010, Wikileaks a diffusé la vidéo Collateral Murder, qui était un récit visuel complet de la façon dont les membres d’un hélicoptère de combat Apache ont tué 12 civils irakiens dans une banlieue de Bagdad, et parmi eux se trouvait le photographe de l’agence Reuters Namir Noor-Eldeen.
La lettre a indiqué que l’administration de Barack Obama-Joe Biden, alors en fonction, s’était abstenue d’accuser Assange au motif qu’ils auraient dû également accuser les journalistes des principaux médias ayant diffusé les informations.
«Sa position a mis en valeur la liberté de la presse, malgré ses conséquences inconfortables», a insisté la missive.
Cependant, sous la présidence de Donald Trump, « la position a changé », a souligné le texte en rappelant que le Département de la Justice « s’est basé sur une vieille loi (d’Espionnage de 1917, conçue pour traquer les espions potentiels pendant la Première Guerre mondiale), qui n’a jamais été utilisé pour poursuivre un éditeur… ».
Malgré les graves avertissements des groupes de défense des droits de l’Homme, le gouvernement de Biden a décidé de poursuivre l’extradition d’Assange.
En juin, le Royaume-Uni a formellement approuvé la demande de remise à la justice des États-Unis, même après qu’un juge eut indiqué que la mesure mettrait en danger la vie d’Assange.
Son équipe juridique a déposé un recours en août, affirmant que le fondateur de WikiLeaks est «persécuté et puni pour ses opinions politiques».
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