Tel Aviv, 2 mars (Prensa Latina) Des centaines d’économistes ont de nouveau critiqué aujourd’hui un projet de réforme judiciaire controversé en Israël, soulignant que ses effets négatifs se matérialiseront plus fortement et plus rapidement que prévu.
Dans une nouvelle lettre ouverte publiée ce jeudi, faisant suite à celle publiée fin janvier, les experts ont déclaré que les dommages pouvant affecter le pays en raison de ce projet de loi continuaient de s’accumuler.
Même si les marchés se stabilisent à court terme, il y aura, à long terme, des conséquences négatives pour la croissance économique du pays et la qualité de vie des citoyens, ont-ils souligné.
« Malheureusement, les avertissements que nous avons présentés n’ont pas été entendus, et la coalition (au pouvoir) poursuit l’initiative législative tout en ignorant de manière flagrante les avertissements du pays et du monde concernant les dommages attendus à l’économie », ont-ils écrit dans la lettre.
Les signataires incluent les professeurs Jacob Frankel, Eitan Shashinsky, Manuel Trachtenberg, Marty Eichenbaum, Eugene Kendall, Nicole Adler, Omer Moab et Avishai Braverman.
« La réforme du système judiciaire met en danger l’économie israélienne et peut entraîner une baisse de la cote de crédit d’Israël, conduire les investisseurs à fuir et provoquer une fuite des cerveaux », ont prévenu en janvier plus de 300 experts, dont le prix Nobel Eric Maskin.
Selon le projet présenté par le ministre de la Justice, Yariv Levin, l’initiative restreindrait la capacité de la Cour suprême de rejeter des lois en raison de ladite clause d’annulation, ce qui permettrait au Parlement de légiférer à nouveau des réglementations contestées par cet organisme.
Cela donnerait également à l’exécutif un contrôle total sur la sélection des juges, empêcherait le tribunal d’utiliser une preuve de caractère raisonnable pour juger la législation et les décisions du gouvernement, et permettrait aux ministres de nommer leurs propres conseillers juridiques.
En février, plus de 50 éminents économistes d’universités états-uniennes, dont 11 lauréats du prix Nobel, ont critiqué ce projet de réforme dans une autre lettre publique.
Il y a quelques jours, une enquête menée par Business Data Israel, qui fournit des informations commerciales, a révélé que 20 % des entreprises envisagent de sortir leur argent du pays ou l’ont déjà fait par crainte des conséquences de la législation.
Selon l’enquête, près de 60 % d’entre elles ont déclaré que leurs revenus étaient affectés par la peur des marchés et la faiblesse du shekel (monnaie locale), qui rendait les importations plus chères et augmentait donc les prix dans ce pays.
Justement, fin janvier, lors d’une rencontre avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu, plusieurs hommes d’affaires l’avaient prévenu de ces conséquences.
La fuite des capitaux a déjà commencé, « ce n’est pas encore à une échelle dramatique, mais nous craignons que ce soit le début de la tendance », avait alors déclaré le directeur exécutif de la Banque Hapoalim, Dov Kotler, lors de la rencontre.
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