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Démocratie aux États-Unis : des défaillances d’origine

Par Deisy Francis Mexidor

La Havane, 28 septembre (Prensa Latina) La démocratie aux États-Unis a un nombre illimité de défaillances, certaines plus graves que d’autres, mais la somme de celles-ci montre les limites profondes que manifeste une nation dont le gouvernement tente de donner des leçons au monde, selon l’académicien Steve Ellner.

Une de ces réticences est le ‘système même dans lequel les présidents sont élus par un collège électoral qui permet à un candidat de gagner avec moins de voix que son adversaire’, a exprimé à Prensa Latina le docteur en histoire latino-américaine de l’Université du Nouveau-Mexique en se référant au contexte politique actuel dans son pays.

Il a rappelé que, des trois derniers mandataires, ‘deux ont été élus avec moins de voix que leur principal rival : George W. Bush en 2000 (avec 600.000 suffrages d’écart avec Al Gore) et Donald Trump en 2016 (avec trois millions de bulletins de moins par rapport à Hillary Clinton)’.

Un autre exemple est que plusieurs États dressent des barrières consistant en des exigences bureaucratiques qui, dans leur ensemble, discriminent des groupes minoritaires comme les afro-américains et les latinos, a expliqué l’éditeur associé de la revue académique Latin American Perspectives.

Il a également indiqué que l’exclusion des groupes minoritaires se reflète dans le cas de citoyens qui ont purgé une peine de prison. Par exemple, en Floride, ‘les anciens détenus doivent payer des sommes d’argent très élevées’ car après leur sortie de prison ils sont endettés auprès de l’État. Bien que cela semble surprenant dans le pays de la ‘démocratie’, en Floride, la majorité de ceux qui avaient purgé des peines de prison étaient empêchés de voter. En 2018, un référendum, promu par des organisations de droits civiques et la Coalition Chrétienne d’Amérique, leur a rendu ce droit fondamental’, a-t-il signalé.

Ceux qui ont rejeté l’initiative étaient majoritairement des dirigeants républicains.

L’année dernière, ils ont trouvé ‘un moyen de revenir sur la décision du référendum depuis leur contrôle du pouvoir législatif : seuls ceux qui auront payé leurs amendes et frais de justice pourront figurer sur la liste électorale’, a précisé Ellner.

C’est une question d’arithmétique électorale, a-t-il ajouté, parce qu’une grande partie des condamnés appartiennent aux minorités noire et hispanique, en particulier ceux qui n’ont pas les conditions économiques pour payer leurs amendes. Ces électeurs sont généralement plus enclins à soutenir les démocrates ou les candidats de gauche que des républicains.

Il a en outre fait valoir qu’en 2013, la Cour Suprême dominée par les conservateurs avait pratiquement aboli la loi de 1965 sur le droit de vote (Voting Rights Act) qui prévoyait des mécanismes de révision pour éviter l’exclusion électorale des afro-américains.

En ce moment ‘il y a beaucoup de réclamations contre les États inclinés à droite pour la pratique connue sous le nom de « Voter Supression » ou la suppression contre les électeurs, a souligné l’auteur et éditeur d’une douzaine de livres sur l’histoire et la politique de l’Amérique Latine.

BARRIÈRES CONTRE LE VOTE

Ellner a également attiré l’attention sur le fait que les Etats-Unis ‘sont l’un des rares pays au monde où le jour de l’élection ne tombe pas dimanche, mais toujours un mardi, ce qui représente un obstacle pour de nombreux ouvriers votants’.

Il a également abondé sur des ‘interdictions qui aident le Parti Républicain et que Trump est maintenant en train de mettre en œuvre parce qu’il sait (et cela a été prouvé empiriquement) que l’abstention les favorise’.

Dans le même temps, le Parti Démocrate ‘ bloque, État après État, les efforts des partis progressistes et des candidats indépendants parce qu’il sait que ces candidatures leur quittent des voix’, a-t-il précisé en approfondissant sur les problèmes de la démocratie étasunienne.

Le professeur Ellner, qui a également enseigné à l’Université d’Orient du Venezuela, a déclaré que, lors des campagnes pour la présidence aux États-Unis, ‘le plus scandaleux de tout ce sont les contributions électorales millionnaires des grandes entreprises et leur capacité à garder l’anonymat’.

En 2010, à la suite de la célèbre affaire Citizens United, la Cour Suprême a déclaré qu’une ‘société a des droits comme tout citoyen et que,au nom de la liberté d’expression, l’État n’a pas le droit de restreindre sa participation à la politique’.

Il en résulte un flux d’argent obscur (dark money) dans la politique nord-américaine, dont une grande partie provient de sources illicites. Les normes encouragent les dons pour les campagnes qui attaquent les candidats rivaux (Mear Campaigns). « Donc, si je soutiens le candidat présidentiel A contre le B, il n’y a pas de limite d’argent pour salir l’adversaire. Cela se produit dans notre démocratie et a un effet pervers sur la politique étasunienne », a-t-il souligné.

Sans s’attarder sur les pronostics, Ellner a affirmé que si Joseph Biden gagnait le 3 novembre, ‘les prémisses de base de la politique étrangère de Trump ne changeraient pas parce qu’il y a un consensus parmi les républicains et les démocrates que les États-Unis ont le droit d’intervenir, dans tous les sens du terme, dans les affaires intérieures d’autres pays’.

Cependant, sous une administration démocrate, la position vis-à-vis du Venezuela et de Cuba sera peut-être moins hostile, même si cela ne signifie pas que l’agenda extérieur de Biden deviendra généralement ‘progressiste’ ni meilleur que celui de Trump.

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