La Paz, 21 janvier (Prensa Latina) La crainte d’une nouvelle victoire électorale du Mouvement Vers le Socialisme (MAS) se profile aujourd’hui après l’élargissement d´enquêtes concernant son candidat présidentiel, Luis Arce Catacora, et les attaques de la droite contre cette nomination.
Dans le même temps, dans le camp de ceux qui ont préparé les conditions et soutenu le coup d’État qui a contraint Evo Morales à démissionner de la présidence, les reproches concernant la répression et le recours à la justice contre d’anciens fonctionnaires du gouvernement de Morales et les dirigeants de son parti s´intensifient.
Il ne s’était pas écoulé 24 heures depuis la nomination du binôme du MAS pour les élections présidentielles du 3 mai prochain, que composent Arce Catacora et le candidat à la vice-présidence David Choquehuanca, lorsque le Ministère Public a élargi les enquêtes contre le premier et contre Juan Ramón Quintana, ancien ministre de Morales et réfugié au sein de l’ambassade du Mexique à La Paz.
Le Ministère Public soutient l’hypothèse selon laquelle, ayant tous deux intégré la direction du Fonds Indigène, un organisme d’appui financier à l’agriculture, ils seraient responsables de prétendus agissements irréguliers, et c’est pourquoi ils seront considérés comme des auteurs potentiels des délits de contrats préjudiciables à l’État, de légitimation de profits illicites et autres délits.
La procureure Heidi Gil, en charge de l’affaire, a déclaré que Quintana et Arce étaient habilitées à examiner les opérations du fonds et à détecter les irrégularités présumées, sans citer d’autres éléments.
Avec le système de justice placé sous ses ordres -comme l’ont signalé des analystes y compris hostiles au MAS- le gouvernement de facto utilise des accusations de terrorisme, de sédition et de corruption pour détenir illégalement d’anciens fonctionnaires et dirigeants sociaux, ou autres opposants, et les traduire en justice.
La manœuvre initiée contre Arce semble donner raison à ceux qui, au sein du MAS et d’autres mouvements considèrent que dans le climat de répression généralisée qui prévaut les conditions démocratiques complètes pour les nouvelles élections convoquées pour le 3 mai ne sont pas réunies.
Le chroniqueur Raúl Peñaranda, opposant au MAS, a critiqué les illégalités répressives du régime de Jeanine Áñez, qu’il a attribuées à une ‘aile dure’ de ce dernier, et a exprimé sa préoccupation car ces actions favorisent, selon lui, le parti du leader indigène.
Un autre indice de la crainte d’un éventuel retour de Morales au gouvernement a été donné par le même commentateur en signalant que parmi les politiciens opposés à Evo Morales circule l’idée que le nouveau parlement interdise aux candidats d’avoir gouverné deux fois, afin de bloquer définitivement la voix au leader indigène.
Cette formule irait à l’encontre du principe juridique universel qui considère comme non valides des lois portant des nom propre, explicitement ou tacitement, et son adoption exigerait une majorité parlementaire des deux tiers, chose difficile selon les derniers sondages.
La crainte du potentiel électoral du MAS transparaît également dans les appels de Jeanine Áñez à ne pas disperser les forces de droite, qu’elle appelle démocratiques, et à former un seul bloc électoral pour affronter le parti de Morales.
L’appel n’a pas trouvé d’écho et l’ancien mandataire Jorge Quiroga, héritier politique de l’ancien dictateur Hugo Bánzer, s’est opposé à se joindre à un front commun et a soutenu que, en tout état de cause, le vote contre le MAS devrait se concentrer en sa faveur, bien que les sondages préélectoraux lui donnent moins de deux pour cent de soutien.
Entre-temps, dans la ville orientale de Santa Cruz, l’ancien dirigeant régional et raciste bien connu Luis Fernando Camacho, candidat présidentiel d’extrême droite, a réagi avec colère à la nomination des candidats du MAS et a tenté de discréditer le binôme Arc-Choquehuanca.
Il a fait valoir que dans la formule électorale du MAS, dirigée par un ancien ministre de l’économie, ‘le renouveau n’existe pas, ce sont les mêmes’, faisant allusion au fait qu’Arce et Choquehuanca ont été d’importants collaborateurs d’Evo Morales.
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